
Peintre de renommé à travers le monde. Qui ne connaît pas Monet ou l’une de ses oeuvres ? Des Nymphéas, de l’Orangerie, où l’on pourrait passer une après-midi entière, à son monde d’Impressionnisme en plein coeur de Giverny.

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Un homme de la nature
Enfance de jeune vagabond. Indiscipliné de naissance. Il n’aimait pas les règles, encore moins y obéir. Il comparait l’école à une prison. Le seul endroit qui l’inspirait, c’était la nature. Il le confirmera, avec le temps.
“Ce que je deviens, vous le devinez bien : je travaille et non sans difficulté, car ma vue s’en va chaque jour, et puis je m’occupe énormément de mon jardin : cela m’est une joie, et, par les beaux jours que nous avons eu, je jubile et admire la nature : avec cela, on n’a pas le temps de s’ennuyer. »
– Claude Monet
Enfant, son seul et unique désir, c’était de profiter du soleil, de la mer, de “courir sur les falaises, au grand air, ou barboter dans l’eau”. À l’école, il remplissait son temps de “distractions”. Il “enguirlandais” les marges et ses livres, jusqu’à reproduire le portrait et profil de ses maîtres d’école. Ce qui lui valu, à l’âge de 15 ans, une réputation de caricaturiste du Havres. La clientèle venait à lui naturellement. Il n’hésita pas à, selon l’apparence de ses clients, charger dix à vingt francs le portrait (entre 32 à 64 euros).

Voyager
Il eut plusieurs périodes de voyage (Norvège, Hollande, Venise, Londres…) où il quittait Giverny, pour aller travailler ailleurs. Le plus marquant fut l’un des premiers: l’Algérie. Deux années, qui ont véritablement jouées sur sa perception. Un éveil d’esprit et de curiosité…
“Vous n’imaginez pas à quel point j’y appris et combien ma vision y gagna. Je ne m’en rendis pas compte tout d’abord. Les impressions de lumière et de couleur que je reçus là-bas ne devaient que plus tard se classer : mais le germe de mes recherches futures y était”.
– Claude Monet
Apprendre auprès d’un maître
À son retour en France, il se rendit chez de nombreux “maîtres” pour parfaire sa pratique. Comme à l’école, il ne supportait cela.
”Ni les uns ni les autres ne manifestaient plus que moi d’enthousiasme pour un enseignement qui contrariait à la fois leur logique et leur tempérament. Je leur prêchai immédiatement la révolte. L’exode résolu, on partit, et nous prîmes un atelier en commun, Bazille et moi”.
– Claude Monet

Frédéric Bazille fut le plus proche ami qu’il ai eut. Mort trop tôt, aux yeux de Monet, il s’était engagé dans le régiment de zouaves. La veille de sa mort, il disait à son capitaine:
« Pour moi, je suis bien sûr de ne pas être tué : j’ai trop de choses à faire dans la vie ».
– Frédéric Bazille
Ce n’est que plus tard, par hasard, en plein milieu de la campagne normande, que Monet eut l’opportunité de rencontrer celui qu’il appellera son “vrai maître”: Jongkind.
C’est alors qu’il se sentait progresser et évoluer en la matière. Il allait au delà des classiques. Il innovait. Il prenait des risques.
“C’était en 1867 : ma manière s’était accusée, mais elle n’avait rien de révolutionnaire, à tout prendre,. J’étais loin d’avoir encore adopté le principe de la division des couleurs qui ameuta contre moi tant de gens, mais je commençais à m’y essayer partiellement et je m’exerçais à des effets de lumière et de couleur qui heurtaient les habitudes reçues. Le jury, qui m’avait si bien accueilli tout d’abord, se retourna contre moi, et je fus ignominieusement blackboulé quand je présentai cette peinture nouvelle au Salon”.
– Claude Monet

Les critiques: ses créations ont difficilement été acceptées par le milieu de l’époque. “Le déjeuner sur l’herbe” a fait grand scandale ! Tout au long de son histoire, il s’est cherché. Autodidacte, pour lui la bonne façon de comprendre c’est de refaire. Il a su faire le tri entre ce qui l’inspirait et ce qui lui donnait dégout.
“Le groupe s’arrête, regarde, et Manet, haussant les épaules, s’écrie dédaigneusement : « Voyez-vous ce jeune homme qui veut faire du plein air ? Comme si les anciens y avaient jamais songé ! »
Toile à scandale !

Voici l’un des rares fragments, vestige du “Déjeuner sur l’herbe”. Débuté (1865) et réalisé en hommage et défi à l’égard de Manet dont le tableau du même titre avait fait l’objet de vives critiques lors de son exhibition au Salon des Refusés. Projet abandonné (1866). En 1920, Le peintre raconte:
“Je devais payer mon loyer, je l’ai donné en gage au propriétaire qui l’a roulé dans sa cave, et quand, enfin, j’ai eu de quoi le retirer, vous voyez si il avait eu le temps de moisir ».
Endommagée par l’humidité, il récupère la toile en 1884, la découpe, et n’en conserve que trois fragments. Le troisième a aujourd’hui disparu. Les deux autres sont exposés au Musée d’Orsay.
Homme de la campagne et non de la ville. Dès le début, son attachement à la nature est une évidence. On le retrouvera naturellement au fil des années dans ses oeuvres. Il a débuté en « portrait » pour terminer sa carrière en « paysage ». Ses expériences de vie, furent nombreuses. Devenu veuf après la mort de sa première femme, Camille. Il exprimait artistiquement ses ressentis et l’aspect subtil et invisible de son environnement qui l’entourait.
“Je veux peindre l’air dans lequel se trouve le pont, la maison, le bateau. La beauté de l’air où ils sont, et ce n’est rien d’autre que l’impossible. »
– Claude Monet
Ainsi il a créé avec son ressenti. Comme nombreux artistes parlaient de la “main invisible”. Ce qui rendait ses oeuvres authentiques et uniques.
“Ce que je ferai ici aura au moins le mérite de ne ressembler à personne, parce que ce sera l’impression de ce que j’aurai ressenti, moi tout seul. »
Plus d’expériences sensorielles, plus de Monet? Je partage ici des photos et une vidéo de l’exposition (septembre 2018), au Petit Palais, sur les Impressionnistes exilés à Londres.
Les Impressionnistes à Londres Artistes en exil, 1870-1904 Les Impressionnistes à Londres Artistes en exil, 1870-1904 Les Impressionnistes à Londres Artistes en exil, 1870-1904
Sources: propos recueillis par Thiébault-Sisson, publié le 26 novembre 1900 dans le journal « Le Temps”, (archives INA)