# Transcription, Syndrome Imposteur, le Podcast : Conversation avec Jeremie Claeys
# Introduction: On se retrouve pour un nouvel Ă©pisode du Podcast !
C: Jeremie Claeys. Illustrateur. Tu as commencĂ© en tant que graphiste. Originaire de Belgique. Et tu as un parcours assez atypique. Tu as fait les Beaux Arts, aprĂšs tu es parti Ă Oxford, faire une annĂ©e de thĂ©ologie, et maintenant tu es en France. Depuis, tu es devenu illustrateur. Aujourdâhui tu es basĂ© en France mais pas seulement parce que tu as une prĂ©sence dans les pays anglophones assez importantes. (…)
J: Pendant un temps je voulais approcher plus le milieu anglophone. Vu que je parle anglais, jâĂ©cris beaucoup en deux langues parce que, comme tu lâas dis, je suis belge aussi. Il y a le français, le nĂ©erlandais, lâanglais câest une sorte de terrain au niveau linguistique. Le site Internet il est aussi Ă©crit en anglais. En rĂ©alitĂ© 90% des clients avec qui je travaille, câest en français. Je pense que lâanglais câest un milieu de terrain que jâaime bien.
Linguistiquement mĂȘme si aujourdâhui le podcast Sens CrĂ©atif est purement en français et je le fais volontairement parce que ce type de contenu nâexiste pas beaucoup en français. Je suis flattĂ© que tu es cette impression!C: Pour moi il y a une perspective Ă lâĂ©tranger. Si elle a pas lieu aujourdâhui, elle aura lieu un jour. Câest pas un hasard. Le dernier Ă©pisode (avec Andy J Pizza), il est en anglais, avec une intro en français. đ
J: Oui.
C: Il y pas mal cette Ă©nergie oĂč tu es ouvert en fait. DĂ©jĂ sur le site, qui est en anglais, beaucoup de gens diraient pourquoi pas lâĂ©crire en français? Donc je pense quâil y a une ouverture qui est intĂ©ressante et câest ce qui fait justement ton originalitĂ©.Â
J: Une grosse influence anglophone en fait. Mais mes influences, mes goĂ»ts, mes couleurs, mes personnalitĂ©s, les artistes, les groupes, les films que jâai aimĂ© câĂ©tait souvent anglophone en fait. Dâailleurs en tant quâillustrateur ça se ressent dans mon boulot pour les gens qui ont un oeil graphique, mes influences sont anglophones. En rĂ©alitĂ©, plus travailler pour des clients anglophones me plaĂźrait Ă©normĂ©ment câest juste que câest pas Ă©vident dâaller, de lâautre cĂŽtĂ©âŠ
C: De traverser lâAtlantique?
J: Oui câest ce que jâai fait comme tu sais, câest ce que jâai fait physiquement en 2018, en allant rendre visite Ă mon ami Andy J Pizza, et en allant avec lui au ICON Conference, qui est lâune des plus grosses confĂ©rences dâIllustration aux Ătats-Unis. Jâai rencontrĂ© des gens. Puis jâai vĂ©cu en Angleterre, comme tu sais. Mais au final, en fait câest tout le processus qui mâa permis de dĂ©velopper les choses, ici en France. Mais jâai dĂ» avoir cette sorte de âvisionâ, que fut un temps, je croyais que pour rĂ©ussir il fallait percer de lâautre cĂŽtĂ©.
Tu sais genre si tu travailles pour des gros clients de lâautre cĂŽtĂ©. Ici, tu as lâimpression que âwow, il travaille pour nousâ. Aujourdâhui je ne vois plus vraiment ça comme ça. Mais câĂ©tait cette vision, cette comprĂ©hension des choses Ă lâĂ©poque qui mâavait poussĂ© des portes puis voilĂ en parlant de Andy J Pizza, ce type de contenu, nâexistait pas beaucoup en France. Du coup, je me suis beaucoup nourri plus en littĂ©rature, en documentaire, en podcast, en anglais donc ça fait partie de ma culture personnelle.
# La parole
C: En fait, je pense que tu en as parlĂ© un moment donnĂ© dans un podcast. Tu parlais des monologues. Tu disais quâau dĂ©part tu nâosais pas faire des monologues parce que tu te voyais plutĂŽt comme quelquâun qui âtransmettaitâ lâinfo comme un journaliste. De tout ce que tu pouvais rĂ©cupĂ©rer. Alors que aprĂšs tu tâes permis de passer en mode âjeâ. Parce que ça câest pas mal en lien avec le syndrome de lâimposteur je pense⊠CâĂ©tait un sentiment dâimposture pour le monologue que tu avais au dĂ©but?
J: Apparemment tu as beaucoup fait de recherches ! (rire) Câest comme mes deux projets de zine. Si tu veux, jâai toujours Ă©tĂ© quelquâun qui aime partager, qui aime parler depuis son coeur, qui aime bien parler avec les gens et transmettre. Ăcrire et partager. Mais au dĂ©but ça me faisait bizarre de me la ramener en mode âmoi, voilĂ , ce que je penseâ et donc du coup câest pour ça que au fur et Ă mesure en fait câest quelque chose de trĂšs progressif. Je basais mon travail sur le boulot dâautres personnes.
Prenons BrenĂ© Brown avec âDaring Greatlyâ ou âBraving the Wildernessâ, ce sont des sujets qui raisonnaient en moi et jâai utilisĂ© ses textes et ses travaux pour rebondir et partager mes histoires. Ăa date de 2017 mais câĂ©tait plus simple pour moi de mâappuyer sur quelquâun dâautre qui Ă©tait plus crĂ©dible Ă mes yeux, en tout cas. On en revient aux Ătats-Unis, aux pays anglophones.
BrenĂ© Brown qui notamment est plus connue lĂ . Du coup, il y avait ce dĂ©sir de faire du lien et puis aprĂšs avec le podcast, au dĂ©but jâavais juste envie de faire des interviews. En rĂ©alitĂ©, je suis beaucoup moins en contact avec Andy J Pizza ces derniers temps. Si on retrace mon parcours, il a une certaine importance dedans et puis, câest lui qui mâa dit: âmais en fait tu devraisâŠâ. Quant on discutait, quant jâĂ©tais avec lui en 2018, Ă un moment donnĂ© il me dit: âmais JĂ©rĂ©mie, tu utilises plein de mĂ©taphores, tu es bon en images, tu arrives bien Ă communiquer, tu devrais vraiment partager çaâ.
De nouveau, jâĂ©tais âbah non, je me la ramĂšne avec mes petites histoiresâ et du coup, il mâa dit âmais tu sais quoi?â Pour ton podcast parce que je lui en avais touchĂ© un mot, âpourquoi ne pas tâappuyer sur les interviews, et du coup aprĂšs tu dĂ©veloppes ton contenu par rapport aux interviewsâ. Donc de nouveau jâĂ©tais rassurĂ© quelque part, jâai dis: âoui pourquoi pas, allez faisons çaâ. Et donc quand jâai lancĂ© Sens CrĂ©atif (podcast) en 2019 câest ce que jâai fait: trois interviews, un monologue.
Câest ce que je fais encore Ă lâheure actuelle dâailleurs sauf quâau dĂ©but câĂ©tait plus, il y avait vraiment ce cĂŽtĂ© oĂč je mâinspirais vraiment de quelques bribes des interviews prĂ©cĂ©dentes et je rebondissais dessus. Jâai crĂ©Ă© un monologue. Au fur et Ă mesure, je me suis prĂȘtĂ© au jeu. Je me suis rendu compte que ça me plaisait beaucoup. Que le travail dâĂ©criture me plaĂźt beaucoup. Je me suis rendu compte que ça avait un impact plus fort que ce que jâattendais. Ă ma hauteur, mais câest tellement encourageant et gratifiant quand tu partage quelque chose, que câest reçu et quâon te le renvoie. Quelque part on tâen demande plus. Du coup, au fur et Ă mesure du temps jâĂ©tais de plus en plus confortĂ©. Câest super parce que pendant longtemps je me prĂ©sentais comme illustrateur alors quâen fait ces derniers temps je me rends compte que quelque part, dĂ©velopper un propos câest ce qui mâintĂ©resse beaucoup plus.
Câest aussi un truc dâanglophone ça. Supposons quâun jour il devait sortir un article qui te cĂ©lĂšbre. Tu sais genre: âtu as envie de laisser quoi derriĂšre toi?â. Et en fait je fais du dessin depuis toujours et jâaime trop ça. Je suis illustrateur depuis un certain temps, je bosse depuis 10 ans, jâĂ©tais graphiste et tout ça, donc lâimage câest vraiment quelque chose qui est important pour moi mais je me suis rendu compte que en fait âĂȘtre cĂ©lĂ©brĂ©â en tant quâillustrateur câest peut-ĂȘtre pas la chose la plus importante pour moi. Si je peux utiliser ce terme, âauteur: câest quelque chose, quand je regarde au loin, câest quelque chose qui mâintĂ©resse plus. Mais câest un processus tout ça en fait. Jâai dĂ» passer par toutes ces Ă©tapes que je partage notamment sur le podcast.
Donc, oui les mots câest une sorte dâĂ©veil progressif et tu lâas aussi vu probablement en recherchant, jâai longtemps eu peur de la parole en fait. Parce que je suis quelquâun de trĂšs bavard. Il y a aussi, câest un peu clichĂ© mais les belges ont une sorte de complexe avec la langue qui est un petit peu chelou. Donc du coup câest juste quâau fur et Ă mesure du temps, jâai dĂ» assumer que voilĂ , jâai cette particularitĂ© de la parole. Jâaime bien aller directement Ă lâessentiel. Jâaime pas trop le chitchat. Il y a beaucoup de gens qui font du podcast pour ça, pour avoir tout de suite une discussion un peu au coeur des choses.Â
Et en fait je me suis rendu compte que peut-ĂȘtre lâillustration câĂ©tait un artifice, que je trouve super et dont je trouve une utilitĂ© trĂšs importante aussi en terme de communication non verbale dâailleurs. Mais moi je me suis dis en fait, il y a une puissance dans la parole. Dans le fait de donner directement, te donner toi, ce que tu sais, et puis câest un acte trĂšs vulnĂ©rable aussi. Câest aussi un sujet qui est important pour moi. Câest pour ça que jâai dĂ©cidĂ© de faire du podcast aussi parce que comme un vinyl ça craquelle avec les petites erreurs, les hĂ©sitations qui crĂ©ent la connexion avec les gens. Donc voilĂ , la parole, lâĂ©criture, tout ça!
C: Alors justement tu as parlĂ© dâun point que jâavais prĂ©parĂ©. Donc dĂ©jĂ la vulnĂ©rabilitĂ© pour toi, câest quoi? Parce que pour ceux qui ne connaissent pas BrenĂ© Brown, trĂšs connue aux Ătats-Unis mais malheureusement, seulement un de ses livres a Ă©tĂ© traduit en français. Les autres nâont pas Ă©tĂ© traduits. En plus, la traduction nâest pas forcĂ©ment⊠voilĂ . Malheureusement, quand on lit en français il nây a pas lâĂ©tincelle, ce truc que ça nous a fait en anglais.
J: Non, non câest clair. Moi je lâai lu en anglais. Il y a lâĂ©nergie qui est lĂ .
# La vulnérabilité
C: Et justement cette vulnĂ©rabilitĂ© toi tu lâas dĂ©fini comment pour toi? Parce que câest trĂšs particulier BrenĂ© Brown, notamment pour notre culture française.
J: Ah oui pourquoi?
C: Bah, je sens pas ce cĂŽtĂ© de vulnĂ©rabilitĂ© comme bienvenu. Pas en mode âcâest malâ ou on est pas capable⊠Plus en mode, ce nâest pas cĂ©lĂ©brĂ©, je trouve. Alors est-ce que câest notre cĂŽtĂ©, oĂč on est un peu parfois, perfectionnistes? Et je pense aussi que câest aussi marquĂ© par nos gĂ©nĂ©rations passĂ©es qui sont trĂšs dans⊠enfin pour moi, je vais donner un exemple concret: quand tu veux devenir entrepreneur. Câest peut-ĂȘtre âĂ la modeâ aujourdâhui mais en France on va plutĂŽt dire âbah non, prends un travail plus sĂ©cureâ. On ne va pas te demander dâoser. Pourtant, ĂȘtre vulnĂ©rable, câest oser. Donc câest pour ça que je voulais avoir ta traduction, ton français Ă toi, de comment tu vois la vulnĂ©rabilitĂ©?
J: Câest drĂŽle parce que en 2017-2018 ce sont des sujets que je travaillais beaucoup plus. LĂ câest un petit peu moins frais. Câest peut-ĂȘtre plus incarnĂ©. Je suis peut-ĂȘtre un peu moins dans la thĂ©orie, un petit peu plus dans la pratique. Câest quoi la vulnĂ©rabilitĂ©? Câest, ĂȘtre soi-mĂȘme, sâoffrir tel quâon est, de maniĂšre entiĂšre. Ătre âa whole personâ, tu sais comme on dit en anglais. Avec son cĂŽtĂ© lumineux, son cĂŽtĂ© sombre. Et moi jâaime bien cette phrase de Leonard Cohen qui dit âthere is a crack in everything thatâs where the light gets inâ. (Il y a une fissure en toute chose. Câest ainsi quâentre la lumiĂšreâŠ).
Pour moi la vulnĂ©rabilitĂ© câest ça en fait. Si on reste chacun. En fait en français je me suis rendu compte que le mot vulnĂ©rabilitĂ© Ă©tait souvent associĂ© Ă quelquâun, quelque chose de âfaibleâ, quelque chose âĂ protĂ©gerâ. Alors quâen rĂ©alitĂ©, je pense quâil y a des limites. Il faut se respecter. Il y a aussi lâintimitĂ©.
On choisit aussi Ă qui on partage quoi. Bien Ă©videmment. Mais on a tout Ă chacun beaucoup de choses Ă partager. Et souvent, je pense aussi en France peut-ĂȘtre, il y a ce poids de la lĂ©gitimitĂ©, tu vois? Que je ne connaissais strictement pas avant dâarriver ici. Pour moi, voilĂ on a tous quelque chose. Et câest Ă dĂ©velopper. Avec les failles, les erreurs, les bourdes mais, allons-y. Donnons, recevons, partageons, et jâai conscience que quand je regarderais en arriĂšre, je le fais dâailleurs dĂ©jĂ aujourdâhui, il y a des choses. On se dit âjâĂ©tais un peu mignonâ, âjâĂ©tais un peu Ă cĂŽtĂ© de la plaqueâ mais cette sincĂ©ritĂ©, cette authenticitĂ©, cette envie dâaller de lâavant⊠Je pense que si on nâest pas vulnĂ©rable, on ose pas.
Et voilĂ , on lâa dit toute Ă lâheure, ĂȘtre vulnĂ©rable câest oser. Bon allez, une bonne petite phrase lĂ : âĂȘtre vulnĂ©rable câest oser quelque soit oĂč on en est dans la vieâ. Quâon soit dĂ©butant, professionnel, jeune, vieux, en bonne santĂ©, pas genre, âcâest justeâ. Câest pour ça que le livre de BrenĂ© Brown câest âDaring Greatlyâ en anglais, en français câest traduit âle pouvoir de la vulnĂ©rabilitĂ©â mais âdaring greatlyâ câest oser.
C: Câest beaucoup plus fort comme titre. Câest lâopposĂ©. Câest complĂštement un paradoxe.
J: Oui, il y a un pouvoir mais en fait, on se rend compte avec le temps que câest dans la faiblesse en fait quelque part que câest une force de âoufâ parce que si on est toujours lĂ Ă se blinder, bah on est jamais suffisamment blindĂ©. Non seulement on se protĂšge des autres. On ne crĂ©e pas de ponts.
C: Il nây a pas de lien possible en fait quant on est blindĂ©.
J: Que quant on baisse les ponts. Quant on enlĂšve et quâon est un peu Ă poil. Câest genre, âbah voilĂ comme je suis. âTake it or leave itâ. (Ă prendre ou Ă laisser). Mais câest difficile quant il y a le âleave itâ. Parce que câest genreâŠ
C: Oui, il faut accepterâŠ
J: Bah je suis pas pour tout le monde. Mais en rĂ©alitĂ© pour trouver quelque part une caisse de rĂ©sonance, on doit se donner totalement. Câest pas facile.
C: Non, câest pas facile. Justement pour passer de vulnĂ©rabilitĂ© Ă syndrome parce que quant on ressent ce syndrome de lâimposteur câest beaucoup liĂ© au fait quâon se sent vulnĂ©rable. Donc dĂ©jĂ ce qui est trĂšs drĂŽle câest que lorsque je tâai proposĂ© dâĂȘtre invitĂ© sur ce podcast tu mâas dit que câest rĂ©cemment que tu as ressenti ce syndrome? Donc quâest-ce qui sâest passĂ©? Comment sa sâest produit chez toi?
J: Oui beaucoup plus fort rĂ©cemment. Et bien en rĂ©alitĂ©, tout ça câest trĂšs trĂšs neuf pour moi. Je suis quelquâun Ă©tonnamment, jâai fait tout un travail sur la vulnĂ©rabilitĂ© mais je me suis rendu compte que câĂ©tait vers les autres. Câest-Ă -dire comme si Ă travers mon travail jâavais envie de me montrer tel que jâĂ©tais que je demandais Ă lâauteur, le lecteur ou sur les rĂ©seaux sociaux, mĂȘme le podcast:âVoilĂ comme je suis est-ce quâil y a rĂ©ception? Est-ce que ça dĂ©range pas quelque partâŠ?â
C: Dâaccord.
J: Moi, depuis que je suis tout petit, je suis quelquâun qui me⊠Je suis assez sĂ©vĂšre avec moi-mĂȘme. Je me donne trĂšs peu et presque jamais le droit Ă lâerreur en fait. Donc en fait, câest comme si jâacceptais pas ma propre vulnĂ©rabilitĂ© Ă moi. Comme si je lâa pardonnais pas, Ă moi-mĂȘme. Que les autres quelque part lâaccepte câest une chose, câest rĂ©confortant. Mais que, moi en fait, ça me rend malade de me tromper. Vraiment, ça me rend malade, de me rendre compte que je me suis trompĂ©. Que je peux dire de la merde. Que, tu vois? Et jâen suis arrivĂ© derniĂšrement Ă simplement me dire, lâerreur est autorisĂ©e, pour moi. En fait pour les autres câest beaucoup plus simple.
Câest beaucoup plus simple dâaccuser lâerreur de lâautre. Et il me semble que câest pas trop compliquĂ© pour eux dâexcuser les miennes. Mais moi envers moi-mĂȘme câest toute une autre paire de manche. Cette petite Ă©piphanie dont je te parle elle date pas plus tard quâil y a une semaine. Câest hyper rĂ©cent. Du coup, pourquoi est-ce que je lâai ressenti plus fortement câest que on parlait dâoser. Le podcast pour moi câĂ©tait une continuation de ce processus dâoser. Câest-Ă -dire que avant 2017, je faisais juste des illustrations. Je me cachais derriĂšre mes images. Ensuite jâai commencĂ© Ă Ă©crire des textes, de zine donc je pouvais lâĂ©diter comme je le voulais jusquâĂ ce que je le publie.
Ensuite je les ai imprimĂ©. Donc je me suis un petit peu plus assumĂ©. Puis, jâai voulu aller plus loin dans ce cĂŽtĂ© direct, vulnĂ©rable avec le podcast. Parce quâen rĂ©alitĂ© dans mes interviews, il y a trĂšs trĂšs trĂšs peu dâediting en fait. Ce que les gens entendent câest 98% de ce qui sâest passĂ©. Et me rendant compte au fil du temps dans le podcasting, ce cĂŽtĂ© chercheur en fait: chercher, clarifier et transmettre câest trois mots qui me parlent beaucoup. Je me suis dis ok, si je veux aller par lĂ , dĂ©velopper ce travail dâauteur, de chercheur, de transmettre. Le milieu de lâillustration je connais trĂšs bien parce que jâai plein de copains, plein de copines dans ce milieu lĂ .
Ăa fait sept ans que je suis dedans. Ăa se passe bien. Alors je suis pas une super star ou quoi que ce soit mais je veux dire que je connais suffisamment les ficelles pour comprendre comment ça fonctionne et je connais suffisamment les personnes pour me dire voilĂ , jâai ma place dans ce milieu lĂ . Le podcasting câest tout nouveau. Dans le sens oĂč, je fais ça depuis 2019, donc ça fait un peu plus dâun an. Ăa a bien pris certes. Mais lâillustration Ă©tait toujours mon milieu. Alors que lĂ , avec le fait de vouloir faire du podcasting plus sĂ©rieusement, bah je dĂ©couvre, je rencontre de nouvelles personnes, je suis plus dans le milieu du podcast et lĂ je redeviens un bĂ©bĂ© en fait. Parce quâen fait, jây connais rien ! Le podcast par exemple câest du DIY total et ça fait partie de ma culture personnelle. Je nâattends pas lâautorisation, jây vais.
C: Câest ce que tu disais en tant quâillustrateur dĂ©jĂ . Tu nâattends pas dâautorisationâŠ
J: Du coup, tu te blindes moins câest-Ă -dire que tu peux faire des erreurs. Ces derniers temps, câest arrivĂ© plusieurs fois oĂč je me suis senti Ă cĂŽtĂ© de la plaque. En essayant. Quand tu rencontres dâautres professionnels dans le milieu du podcast par exemple, tu te dis âah jâavais pas conscience de ça, ah oui, ça je savais pasâŠâ. Tu perds une certaine innocence. Et puis aussi, jâai beaucoup donnĂ© des choses que jâavais dĂ©jĂ au niveau de mes cartouches. LĂ , jâai vĂ©cu une sorte de petite crise existentielle un peu. Je nâai jamais eu autant, si je peux dire ça, conscience de moi mĂȘme.
Ăa fait dix ans que je cherche mon ikigai, comme on dit. Et donc je me suis jamais senti aussi proche de ça et en mĂȘme temps aussi dĂ©muni face Ă la tache qui mâattend et face Ă comment faire. Donc voilĂ je reviens de nouveau au point de dĂ©part qui en rĂ©alitĂ© est la meilleure des positions. Ătudiant, câest la meilleure des positions parce que tu te mets en apprentissage constant et câest un mix de ça fait peur et câest grisant Ă mort.
# Le voyage du héros
C: Donc, si on veut se rapporter au âheroâs journeyâ (*note: le voyage du hĂ©ros, de Joseph Campbell: une base, en douze Ă©tapes, considĂ©rĂ©e comme un classique destinĂ© Ă construire le voyage initiatique typique du hĂ©ros que l’on retrouve dans nombreux rĂ©cits du monde entier, de la littĂ©rature au cinĂ©ma*), que lâon connait trĂšs bien grace Ă Andy J Pizza, notamment. Tu dirais que tu es revenu Ă la case du dĂ©but âthe callâ (lâappel)⊠?
J: Non je suis en bas lĂ , je suis pas loin du âdeath and rebirthâ (mort et renaissance). Mais le death and rebirth ça peut ĂȘtre trĂšs court au final. Parce que je dirai que jâai un peu vĂ©cu, dâaccepter que je peux me tromper. Tu vois pour parler trĂšs concrĂštement, on en parlait en off, jâai annoncĂ© sur le podcast il y a deux, trois mois que jâallais passer Ă un Ă©pisode par semaine sauf que jâai fait. Et câĂ©tait pas facile Ă tenir la cadence. Je fais aussi tout un travail sur moi pour vivre Ă ma juste mesure. Et je crois que jâai jamais vraiment eu de mal Ă entreprendre ou comme tout le monde, jâai des manques de confiance comme toujours, mais jâai jamais vraiment eu peur dâentreprendre, une certaine assurance.
C: CâĂ©tait dans ta nature ça?
J: Oui dans ma nature, une certaine innocence de âallez ok, pourquoi pasâ. Jâai toujours eu cette sorte de rage tu vois de vouloir faire, dây aller, dây arriver. Besoin dâaccomplissement et tout. Je me suis un peu brulĂ© les ailes. Dans le sens oĂč câest pas tout de dĂ©couvrir quelque chose de beau, qui te correspond et qui crĂ©e quelque chose de, qui a vraiment une belle Ă©nergie, qui est altruiste, etc. On dit aussi souvent, lâenfer est pavĂ© de bonnes intentions. Jâavais les yeux plus grands que le ventre en fait. Mon dĂ©faut, un de mes dĂ©fauts, câest dây aller Ă fond sur tous les plans, Ă tous les niveaux, que ce soit familiale, professionnel, genre je dois ĂȘtre au top tout le temps, en tout temps.On se connait pas, mais jâai perdu seize kilos en deux ans.
C: Seize kilos?
J: Jâai perdu seize kilos en deux ans oui. Câest mon corps qui mâa envoyĂ© le message. LĂ , ça commence Ă bien faire. En fait, câest juste que je me suis rendu compte que vu, que je me mets une pression folle de pas me tromper, je peux pas me tromper. Je sais que je peux me tromper. Mais quand je me rends compte que je me suis trompĂ© ça me rend malade. Que ce soit, professionnel, je suis illustrateur, ça tourne. Le podcast ok. Jâai voulu monter les curseurs. tu sais parce que je me rends compte voilĂ , jâai lâimpression que câest une des meilleures choses que jâai faite de ma vie le podcast.
Sauf que, bah, je me suis rendu compte que câĂ©tait pas bon pour ma santĂ© mentale et physique tu vois. Câest que le podcast tu dis publiquement tu vas faire quelque chose et puis lĂ câest cool tu vas sortir cet Ă©pisode au mois dâaoĂ»t pendant que je fais ma pause. Donc si les gens Ă©coutent et que je leur annonce au mois de septembre que je reviens Ă un Ă©pisode toutes les deux semaines. VoilĂ . De publiquement, reconnaitre que tu as fait une erreur. Bah voilĂ câest tout, câest comme ça. Et câest pas grave en fait. En fait câest pas grave. En fait les gens sâen fichent. Mais toi tu tâen fiches pas! (rire)
C: Tu disais, câest ça qui est intĂ©ressant, tu disais au final parce que mĂȘme dâun point de vue extĂ©rieur je peux le dire, vu que justement on se connait pas et que jâai vraiment un point de vue trĂšs trĂšs trĂšs extĂ©rieur, je dirais, il y a tous les feux verts. Dans le sens oĂč bah il y a peut-ĂȘtre (je sais pas je les ai pas vu) les chutes parce que jâĂ©tais pas lĂ , ou parce que forcĂ©ment les chutes on les voit pas, on voit toujours le cĂŽtĂ©, shiny que ce soit un podcast ou autre chose parce que mĂȘme quand tu dis parfois jâai fait une gaffe, jâai fait un truc, il y en a plein qui lâa voit pas, il nây a que toi qui lâa voit.
Quand je vois tous les feux verts comme ça je me dis mais comment la voix intĂ©rieure, peut ĂȘtre aussi difficile et aussi dure quand tu as autant de remerciements, sur Patreon, si ça marche câest que câest tout le contraire, les Ă©checs ont permis quelque chose de tellement plus fort et de tellement meilleur que ce que tu aurais pu tâimaginer. Ce qui est trĂšs drĂŽle il y a ce cĂŽtĂ© un peu paradoxale oĂč tu dis jây vais Ă fond, jây vais Ă fond mais pas dâĂ©chec. En mĂȘme temps, je suis sĂ»re que comme tout le monde tu es passĂ© par pleinâŠÂ
J: Oui
C: Mais tu continues quand mĂȘme Ă avoir cette exigence, elle nâa pas changĂ© avec le temps?
J: Si bah depuis une semaine. (rire).
C: Ok. Tu lĂąches quoiâŠ
J: Oui, je suis pas quelquâun qui a une grande capacitĂ© Ă , en fait câest paradoxale mais je sais lĂ oĂč je veux aller. Je pense que jâai une bonne connaissance de moi, du moins relativement bonne parce quâen rĂ©alitĂ© au plus tu apprends, au plus tu te rends compte que tu ne sais pas en fait.
C: Câest ça qui est fou et gĂ©nial Ă la fois ! (rire)
J: Oui tout est paradoxale hein⊠Et, jâai perdu le filâŠ
C: Tu disais que ça fait une semaine que tu tâen es rendu compte, que tu tâes donnĂ© de nouvelles…
J: mais paradoxalement jâai du mal Ă mâĂ©couter en fait. Câest quelque chose de nouveau pour moi, dâapprendre Ă mâĂ©couter. Et câest pour ça, que jâai mis beaucoup⊠Je suis trĂšs mental en fait, trĂšs mental. Et donc du coup, câest pour ça, câest facile enfin câest relativement Ă©vident pour moi de voir les âpatternsâ, de voir, de mettre des choses en place stratĂ©giquement ou mĂȘme de pouvoir en discuter avec dâautres, dâencourager dâautres personnes et tout Ă dĂ©crotter les trucs, Ă y voir plus clair etc. Mais je pense quâun de mes angles morts câest justement de pas rĂ©ussir Ă mâĂ©couter. C’est comme si je rĂ©ussissais Ă Ă©couter lâintuition oĂč voilĂ ce qui me correspond vraiment, lĂ oĂč y a la vie, lĂ oĂč y a une Ă©nergie qui sort. Jâarrive Ă voir tout ça. Mais mon corps, Ă©couter mon corps qui te dit genre âmec chill outâ, tu vois.
Une des belles choses câest que, câest notamment en devenant papa. Câest juste, on peut fonctionner Ă lâaveugle, autant quâon veut mais quand tâes en couple, quand tâes en famille, on te renvoie des choses et moi en devenant papa ça mâa demandĂ© deux fois plus dâĂ©nergie, professionnellement jâai deux fois moins de temps, et donc du coup tu puises encore plus dans tes ressources et ça fait seize kilos en moins et donc Ă un moment donnĂ© câest juste genre depuis le moment oĂč je lâai identifiĂ© que je ne perds plus de kilos.
Tu vois? Et donc du coup il y a ce cĂŽtĂ© genre en fait si tu veux, si je devais vraiment aller âfull onâ câest si je nây arrive pas, je prĂ©fĂšre disparaitre. Parce que, tout un truc de perfection dont tu parlais tu vois. Mais câest inconscient. Câest totalement inconscient. Parce quâen rĂ©alitĂ© non. Jâai une soif de vie. De ouf ! Mais inconsciemment tu nây arrives pas alors tu puises, tu puises, tu puises, et puis pendant un temps les gens le voient pas et puis au bout dâun certain temps, ça devient apparemment les personnes qui me connaissent bien sont âohâ et du coup moi je suis un peu, âouai wow, okâ. Lâun nâempĂȘche pas lâautre. Je mâexplique.
CrĂ©er un cercle vertueux, tous les feux verts dont tu parlais, ça marche, la sauce prend, câest super, tu es encouragĂ©, mais malgrĂ© tout en fait on vit dans un cycle lent. Câest ça qui est bien. Câest ça qui est beau. Jâai une tendance Ă vouloir aller trop vite. Trop vite. Trop bien. Ă fond. Tu vois donc il y a des dissonances qui se crĂ©ent. Le Covid, le confinement et les vacances, la pĂ©riode de lâĂ©tĂ©, sont un moment plus quâopportun pour genre: il serait peut-ĂȘtre temps de lever le pied. Câest ça qui est fou, câest que tu te rend compte en fait que quand tu lĂąches prise. Phrase bidon hein, câest comme toutes ces vĂ©ritĂ©s quâon dit, qui paraissent bidons mais qui sont vraies, en fait.
C: Mais câest parce que tu lâas vĂ©cu, câest pour çaâŠ
# Le lĂącher prise
J: Oui, en fait quand tu lĂąches prise soudainement tout devient plus simple, les choses se mettent en place, dâelles mĂȘmes, au temps voulu. Le âheroes journeyâ, je suis pas un spĂ©cialiste du tout, mais il y a ce fameux truc du âyou didnât get what you wanted but you got what you neededâ. Et en fait, jâai vĂ©cu ça souvent, et jâai souvent Ă©tĂ© frustrĂ©. Jâen parlais avec mes amis illustrateurs et je dis âje comprends pas, regardez, tout est alignĂ©, genre, regardezâ !
Tu me parles de feux verts, dâautres personnes me disaient câest vrai quant on regarde lâextĂ©rieur, toutes les Ă©toiles sont alignĂ©es. On comprend pas pourquoi ça prend pas. Pourquoi ça prend pas Ă la hauteur espĂ©rĂ©e du moins Ă la hauteur de lâinvestissement mis, seulement avec un peu de patience (je suis quelquâun dâimpatient), en fait jâai toujours vu, câest cyclique ça fonctionne toujours Ă un moment donnĂ©, de la maniĂšre quâil faut. Et quant on force les choses, ça ne marche pas. On fait des dysfonctionnements.Â
C: Oui, pour reprendre la citation et la traduire pour ceux et celles qui ne comprennent pas lâanglais: âtu nâas pas obtenu ce que tu voulais mais tu reçois ce dont tu avais besoinâ. Câest ça? Et dans la continuitĂ© de ce que tu disais, il y a encore un paradoxe, dĂ©cidĂ©ment câest lâĂ©pisode des paradoxes ! Qui est que: câest seulement quand tu lĂąches que ça devient fluide et facile et ça va un peu contre beaucoup de croyances communes qui sont âje peux tout faireâ, âça va percerâ, âcâest la sĂ©curitĂ©â mais en fait aujourdâhui, il nây a plus tout ça, tu auras beau avoir les diplĂŽmes, la sĂ©curitĂ©, les papiers, tout ça, rien du tout nâest fixe.
J: Non rien
C: Mais ça tu tâen rends compte Ă quel prix en fait? Câest ça la question.
J: Au plus vite tu lĂąches, ces certitudes trĂšs encrĂ©es peut-ĂȘtre dĂ» Ă lâĂ©ducation, peut-ĂȘtre dĂ» au systĂšme, Ă la culture⊠Mais jâaime bien cette image dâun chat qui est super fan dâun petit poussin, il le tient dans ses pattes comme ça et en fait câest super prĂ©cieux pour lui. (Câest mon erreur). Et il le sert tellement ce petit poussin, tellement il lâaime. Et puis Ă un certain moment il ouvre les pattes, et le petit poussin il est mort, parce quâil lâa serrĂ© trop fort. Câest pareil pour tout dans la vie en fait. Que ce soit notre boulot, notre systĂšme de croyance, que ce soit nos inspirations, en fait garder une certaine flexibilitĂ©, avec une certaine lĂ©gĂšretĂ© ça rend les choses beaucoup plus simples et beaucoup plus vertueuses.
C: Je trouve ça intĂ©ressant parce que pour avoir Ă©coutĂ© depuis 2019, la crĂ©ation du podcast Sens CrĂ©atif. En fait, on ne sent pas cette Ă©nergie de contrĂŽle et de toujours plus. Moi je ressentais cette Ă©nergie joviale, de libertĂ©, tu vois.Â
J: Le podcast câest la libertĂ©. Câest la libertĂ©. Dans le sens oĂč câest lâun des mediums, Ă lâheure actuelle, oĂč tout est permis. Et si tu veux, jâai lâimpression, câest un peu pompeux jâen sais rien mais jâai lâimpression que pour moi Sens CrĂ©atif ou le medium du podcast câest lâoutil dans lequel je peux mettre tout le meilleur de moi-mĂȘme, dans un contenant comprĂ©hensible par beaucoup. Jâai jamais vĂ©cu ça auparavant en fait. Câest pour ça que je le sers tellement fort et que je dois apprendre aussi. Au plus ça avance, au mieux ça va. De me dire mais âgarde cette fraicheur du dĂ©butâ. Garde cet enthousiasme, cette innocence, mĂȘme si ça se professionnalise, mĂȘme si jâai des projets Ă©conomiques ou quoi que ce soit. Câest genre, il faut garder une certaineâŠNon âil fautâ je bannis ce terme de mon vocabulaire depuis des mois câest pas facile tu vois il revient toujours⊠(rire). Ce serait bien. De garder les choses avec une certaine lĂ©gĂšretĂ©. Tu sais sur Sens CrĂ©atif, je parle des motivations et des stratĂ©gies. Jâencourage les gens Ă ĂȘtre intentionnels, Ă mettre les choses en place. Mais en rĂ©alitĂ© câest ĂȘtre intentionnel et en mĂȘme temps laisser faire.
Câest pour ça que lâĂ©pisode #12 sur les patates (trouver son rythme), il a beaucoup marquĂ© les gens parce que tu ne peux pas forcer une patate Ă pousser plus vite quâelle ne le veut. En fait tu dois, planter, cultiver, puis rĂ©colter. Tu peux pas aller plus vite que la musique! Tout ça câest une grande leçon de vie pour moi, je ne peux pas aller plus vite que le podcast. Je ne peux pas aller plus vite que⊠Tu peux mettre toute ton Ă©nergie pour que les gens voient ton projets, quel quâil soit, mais en fait ça prend du temps pour quâun message passe. Si tâes pas, prenons spĂ©cialiste du marketing, un truc comme ça. Ce sont des machines de guerre, mais moi je me considĂšre pas comme une machine de guerre. Je pense que jâai une certaine connaissance de ces outils et je suis content de ce que ça a produit avec ce que ça a fait, câest ma mesure. Mais quand soudainement tu te dis âah je vais aller plus loinâ, tu te butes Ă tes limites et tes manquements alors que au lieu de me prendre la tĂȘte je devrai utiliser cette Ă©nergie pour aller poser des questions Ă dâautres personnes sur le podcast. Tu vois continuer dâapprendre.
C: Surtout quâau final câest sans fin.
J: Câest sans fin. Câest un apprentissage sans fin.
C: Et est-ce que en arrivant Ă ce fameux objectif aussi, parfois je me pose la question donc tu donnes cet objectif lĂ pour le podcast mais est-ce que tu vas trouver autant de joie, autant de plaisir Ă le faire, que tu nâavais au dĂ©but tu vois? Est-ce que justement tu me dis ça fait une semaine que tu tâen es rendu compte, dĂ©jĂ quâest-ce quâil sâest passĂ© pour que tu tâen rend compte, câest quoi la prise de conscience qui a eu lieu?
J: Prises de tĂȘte. Oui tu te rends compte que tu te rends malade pour des choses qui ne sont pas ânormalesâ. Câest juste, je me suis rendu compte que je suis faillible. Je savais que jâĂ©tais faillible mais de lâaccepter et câest lĂ quâest toute la diffĂ©rence. Dâaccepter que je suis faillible, que je peux me tromper and âthatâs okayâ (câest ok), en fait ça mâa fait hyper mal en moi, je me sentais exposĂ©. Tu vois? Ăa fait du bien. Sur le coup ça fait pas du bien parce que quelque part jâai toujours tirĂ© ma valeur des choses. Ce que je fais de bien oĂč je suis les rĂšgles, oĂč ça fonctionne, oĂč je mets toute mon Ă©nergie pour que ça fonctionne et puis ça fonctionne. Je lâai bien mĂ©ritĂ©. LĂ , quelque part, que je mets tellement dâĂ©nergie et ça ne va pas Ă la vitesse que je veux. Ăa tâen met un coup Ă lâĂ©go. Et donc du coup tu te dis est-ce que jâen redonne encore? Mais, mon corps me dit: attention. Jâai une femme, jâai un petit garçon, jâai une vie, ça serait bĂȘte de⊠tu vois de⊠Jâai eu une discussion intĂ©ressante avec quelquâun derniĂšrement qui me parlait dâĂ©quilibre entre mĂ©tier passion et mĂ©tier aliĂ©nation. Câest quelque chose dans lequel je peux, jâaurai pu tomber ou que je suis tombĂ©, je sais pas. Câest une idĂ©e un peu romantique tu sais. Il disait quâil y a quelque chose dâun peu romantique, notamment en France, par rapport à ça, le mĂ©tier passion. Trouve un mĂ©tier que tu aimes et tu ne travailleras plus jamais.
Ce genre de chose. Alors quâen rĂ©alitĂ© on sait quâil y a des difficultĂ©s quelque soit le chemin et simplement dâaccepter que tu fais un mĂ©tier que tu aimes ou simplement un mĂ©tier auquel tu es bon, bah câest cool. Parce quâil me disait âattends, tu es illustrateur, tâes bon à ça. Ăa a lâair de fonctionner. Tu as des chouettes projets. Tâas une certaine rĂ©ussite, Ă ta mesure. Et tâes payĂ© pour. Et tu me dis que tu fais ça Ă plein temps câest gĂ©nial et puis tâas un projet passion Ă cĂŽtĂ© oĂč tu te rends compte que tu te rĂ©vĂšle encore plus. Tâas un podcast mais tout le monde rĂȘverai de çaâŠâ Donc il Ă©tait un peu genre âde quoi tu te plains?â. Et jâĂ©tais genre âoui câest vrai en faitâ. Alors quâen rĂ©alitĂ© je voulais peut-ĂȘtre trop rapidement bouger le curseur de lâillustration vers le podcast. Câest lĂ oĂč est la vulnĂ©rabilitĂ©, câest la tension entre les deux, ce temps oĂč tout est suspendu, oĂč tu ne contrĂŽles pas, oĂč ça prend du temps, oĂč ce nâest pas en ton contrĂŽleâŠ
C: ⊠à cent pour cent. Et aussi parce quâaussi⊠Je pense que câest une question aussi comme tu dis, tu veux vivre pleinement et peut-ĂȘtre que tu penses que justement ce chapitre en tant quâillustrateur câest validĂ© et aprĂšs tu te dis jâai trop envie de faire ça alors que pourtant tu es dĂ©jĂ passĂ© par la case du dĂ©but en tant quâillustrateur donc tu sais ce que câest, tu sais le travail que ça prend, tu sais les annĂ©es que ça demande, et tu te rends encore⊠alors câest ça qui est drĂŽle tu as une expĂ©rience malgrĂ© tout câest pas comme si tu avais dix huit ou vingt ans et que tu avais envie de devenir ça et tu te fous la pression⊠Tu as un recul en fait. Câest ça qui est intĂ©ressant.
J: Oui mais voilĂ , tu me dis tâas pas dix huit, vingt mais peut-ĂȘtre que jâavais un fonctionnement diffĂ©rent. Tu vois dans le sens oĂč jâai accumulĂ© une certaine connaissance, une certaine comprĂ©hension des choses, en discutant avec dâautres personnes Ă©videmment. Et puis voilĂ , tu te prends des coups, tu apprends et puis⊠Mais je pense que voilĂ jâai trente et un ans, Ă trente et un ans se dire âtu peux te tromperâ. jâai lâimpression que câest tard et en mĂȘme temps peut-ĂȘtre que câest pas si tard que ça. Jâen sais rien tu vois. Je sais pas. (rire).
C: Tu parlais du cadre. Pour prĂ©parer cette interview ou toi pour prĂ©parer les interviews dans le cadre de ton podcast tu vas faire Ă©normĂ©ment de prĂ©parations, câest ce que tu disais. Tu souhaitais aller plus dans le lĂącher prise par rapport à ça et moins dans le contrĂŽle. Donc tu me disais justement en off que tu es en train de le faire ?
J: Oui en fait au plus le temps passe, au moins je prĂ©pare mes interviews. Câest une des bonnes choses que mâa appris ce moment de crise aussi oĂč quelque part je fonctionnais comme une machine au niveau de, sortir un Ă©pisode toutes les semaines. Je lâai fait volontairement pour me forcer Ă moins prĂ©parer.
Sur ce cĂŽtĂ© lĂ , je suis trĂšs trĂšs content. Le processus interne prend parfois plus de temps que ce quâon voudrait. Mais oui, en fait au debut de Sens CrĂ©atif, mes interviews, jâĂ©crivais 20 questions. Je les Ă©crivais au mot prĂȘt. Pendant lâinterview, je lisais pas au mot prĂȘt, câĂ©tait toujours trĂšs spontanĂ©. En rĂ©alitĂ© câĂ©tait juste pour mon mental, pour me rassurer. Jâai quasi jamais regardĂ© mes notes, jamais jamais jamais. En fait, jâen avais besoin en amont. Jâai fait du thĂ©Ăątre aussi de mes six – vingt et un ans et donc du coup il y a ce cĂŽtĂ© je connais un peu la trame dans ma tĂȘte. Je prĂ©pare. Donc jâarrivais Ă voir dans mon esprit le dĂ©coupage, lĂ oĂč je voulais aller. Mais en mĂȘme temps je suivais les gens oĂč quâils aillent et puis aprĂšs ça me permettait de rebondir. Au final câest pas une mauvaise chose. Juste que câest tellement plus agrĂ©able quand câest⊠Je mâen suis rendu compte dans mon interview avec Emilie Gleason qui est une des interviews qui a le mieux fonctionnĂ©. Au bout dâune demi heure dâinterview, tout ce dont jâavais envie de parler Ă©tait passĂ© Ă la trape. On avait tout abordĂ© et il me restait grosso modo une demi heure du coup câĂ©tait un peu freestyle tu vois. Câest ce qui a beaucoup plu aux gens et il y a une Ă©nergie trĂšs spontanĂ©e mais câest pas Ă©vident de lĂącher. Donc au fur et Ă mesure, ces derniers mois, je continue de me documenter. Câest important de se documenter, comme tu as fait, quand tu veux interviewer quelquâun.
C: Câest pour Ă©viter surtout les rĂ©pĂ©titions. Parce que moi ce qui me dĂ©range beaucoup dans les interviews quand je suis quelquâun en particulier câest quand le journaliste rĂ©pĂšte une question qui lui avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© posĂ© ou une question oĂč tu te dis maisâŠ
J: Tâas pas Ă©coutĂ©âŠ
C: Il nây a pas lâĂ©coute, câest exactement ça. Et dâailleurs je nâaime pas le mot âinterviewâ, jâaime bien âconversationâ ou âĂ©changeââŠ
J: Entretien⊠đ
C: Oui, ça va dans les deux sens en fait. Parce que ne pas Ă©couter la personne Ă qui on pose des questions ça se ressent en tant quâauditeur.
J: Oui et justement, tu vois le podcast vu que je suis quelquâun de bavard, qui aime bien transmettre je lâai et câest aussi pour ça. Pour complĂ©ter ta question de toute Ă lâheure, câest pour ça que jâĂ©tais hĂ©sitant Ă faire les monologues parce que le podcast câest pour me forcer Ă Ă©couter. Pour me taire, et Ă©couter. Seulement au fur et Ă mesure du temps, frĂ©quemment des personnes me disaient âmais ce serait sympa de tâentendre plusâ ou genre âque tu interagisses dans la discussionâ, âcâest pas un portrait que tu fais câest une conversationâ comme tu disais. Alors Ă©videmment il y a toujours des gens qui disent âon prĂ©fĂšre entendre lâinviterâ et dâautres gens âcâest trop conversationnelâ⊠mais au final tu suis ton intuition, tu vois. On revient Ă la vulnĂ©rabilitĂ©, il nây a pas une interview oĂč je quitte pas en me disant âjâaurai pas dĂ» faire ça, jâaurai dĂ» dire ça, jâaurai pas dĂ» dire ça comme çaâ, mais je le laisse parce que câest plus fort comme ça.
C: Tu disais toute Ă lâheure que câĂ©tait 98% de la rĂ©alitĂ©? Il y a trĂšs peu de retouches. Et câest lâauthenticitĂ© de la conversation qui en fait saâŠ
J: Ce qui fait le charme du podcasting en gĂ©nĂ©ral. Sinon tu Ă©coutes la radio. Mais le podcast a ce cĂŽtĂ©âŠ
C: Câest intime, tu as lâimpression vraiment deâŠ
J: Oui, regarde lĂ on est dans mon salon. Les gens ils auront lâimpression dâĂȘtre dans mon salon. Tu vois? đ
# Conseil Ă ton jeune Toi
C: (murmure) Il y a des jouets pour enfant. Câest trop chouette ! Câest colorĂ© (rire). Je voulais savoir, quelque chose qui mâavait frappĂ© dans tes anecdotes câĂ©tait celle de quand tu avais 16 ans. DĂ©jĂ trĂšs jeune tu voulais dessiner, ça câĂ©tait une certitude. Et puis Ă 16 ans, aussi pour raconter la petite anecdote, Ă chaque fois que tu avais des invitĂ©s Ă la maison tu montrais ton classeur de dessins.
J: Câest affolant de savoir que tu as Ă©tĂ© cherchĂ© Ă ce point lĂ !
C: Je trouve ça gĂ©nial. Comme je disais je ne veux pas de rĂ©pĂ©tition donc je vais encore plus loin đ Quâest-ce que tu dirais si tu pouvais parler Ă ton jeune toi de seize ans? AprĂšs que ce monsieur, un ami de ta famille, arrive et te ditâŠ
J: âAh ok bah tu sais pour devenir dessinateur de BD il faut ĂȘtre trĂšs trĂšs bon. TrĂšs trĂšs trĂšs bon. Et il y a un dessinateur sur cent qui perce tous les ansâ. Câest ce quâil mâavait dit ou du moins câest le souvenir que jâen ai. En vrai il avait raison. Il a raison. AprĂšs bien dessiner, on va dire, ça veut tout dire et rien dire en fait. Mais dans ma comprĂ©hension de lâĂ©poque il y avait quelque chose de trĂšs technique, derriĂšre âbien dessinerâ. Aujourdâhui en fait bien dessiner, tu peux faire des gribouillis et ĂȘtre trĂšs fort en fait. Ăa peut ne pas ĂȘtre trĂšs fort mais câest trĂšs fort autrement Ă travers le contenu, Ă travers ce que tu partages. Hum, quâest-ce que je dirai Ă mon moi quand jâavais seize ans? Ou quâest-ce que je dirai tout court Ă mon moi enfant? Câest âsois pas aussi dur avec toi mĂȘmeâ en fait, et âapprends Ă tâĂ©couterâ parce quâen rĂ©alitĂ©, dans ma vie, pourquoi je suis tellement attachĂ© que ce soit Ă mon travail dâillustrateur ou le podcasting, câest parce que câest vraiment un espace de libertĂ©. Il y a tous les inconvĂ©nients qui viennent avec le fait dâĂȘtre indĂ©pendant et de faire que ce soit lâillustration ou le podcasting, ce sont des Ă©conomies trĂšs fragiles. Câest parce que câest trĂšs fragile que câest libre. Câest pas compliquĂ©.
C: Sinon ça serait plus du tout pareil ! (rire)
J: VoilĂ . mais je crois que en ayant voulu ĂȘtre un bon garçon jâai suivi beaucoup de rĂšgles qui mâont Ă©tĂ© imposĂ©es par les autres et en lâoccurence, dans lâanecdote que tu soulĂšves, cet ami de la famille je lâai Ă©coutĂ© parce quâen fait, je sais pas je pars du principe quâil Ă©tait plus vieux que moi, et quâil savait. CâĂ©tait quelquâun qui voulait faire de la politique, câĂ©tait quelquâun qui du coup avait une certaine crĂ©dibilitĂ© Ă mes yeux aujourdâhui et câest ce que jâessaye de partager sur le podcast. Jâencourage les gens à ⊠le podcast ça fait partie dâun Ă©veil chez moi aussi de Ă©coutez vous, Ă©coutez lâintuition, Ă©coutez lĂ oĂč va la vie. On parlait en off toute Ă lâheure de âoui alors en podcast, apparemment les formats courts sont les meilleursâ mais si toi personnellement tu aimes une vraie conversation qui va âdans les profondeurs de lâĂąmeâ, bah âfais çaâ. Au lieu dâĂ©couter le âoui alorsâŠâ. Les rĂšgles, les tendances du moment, câest ça donc faut faire ça: ânon!â. Et apprendre Ă sâĂ©couter et en sâĂ©coutant aussi se rendre compte de son ignorance. Et que câest pas grave.
La vie est un long apprentissage et que tu peux ne pas avoir, et tu peux en tâĂ©coutant te rendre compte que tu sais pas. En fait câest une honnĂȘtetĂ© totale en fait de se rendre compte que au lieu de prĂ©tendre, de bonder le torse, de envie de tout prouver, casser la maison, prouver Ă quel point tu es gĂ©nial. Ce que je comprends aussi quand notamment quand tu sors de lâĂ©cole et que tu as fait des Ă©tudes peut-ĂȘtre tu as coĂ»tĂ© Ă tes parents et donc du coup de rassurer, de dire regardez je prends mon envole ce que je comprends et je suis passĂ© par lĂ aussi surtout quand tu veux faire de lâillustration ou des mĂ©tiers artistiques il y a toujours câest un peu clichĂ© câest une vieille histoire mais câest pas rassurant. Du coup, je pense que pendant les dix premiĂšres annĂ©es de boulot, je me suis efforcĂ© Ă essayer de consolider le truc mais en chemin je me suis rendu compte que ça fonctionnait pas. Que en fait la vulnĂ©rabilitĂ© devait faire partie du voyage. Et aujourdâhui jâen arrive presque plus au bout de dix ans Ă , on parlait de death and rebirth (mourrir et renaĂźtre).
VoilĂ , retour, je suis pas retour tout en haut, statu quo dans le âheroes journeyâ parce que en fait non jâai fait du chemin, jâai pas encore fait une boucle. Mais sur le chemin pour ceux qui ne connaissent pas tu as lâappel de lâaventure, tu rencontres un mentor, tu fais tes premiers combats, tu gagnes des petites choses, de lâexpĂ©rience, des connaissances et puis en fait au bout dâun certain temps, moi câest ce que jâappelle âdeath and rebirthâ, moi jâappelle ça âle systĂšme interne qui craqueâ ou âlâĂ©goâ. Tu construis en fait un certain personnage, lâego. Et puis au bout dâun certain temps tu changes parce que tu tâes laissĂ© transformĂ© par le chemin. Au bout dâun certain temps, lâego, le personnage que tu tâes construit peut ĂȘtre depuis toujours en fait Ă un moment donnĂ© il y a une dissonance. Câest ce que jâai vĂ©cu ou ce que je suis toujours en train de vivre. Du coup câest genre : ok alors comment assumer ces nouvelles informations ? Avec mon ancien moi, avec lâego avec des choses que jâai construit. Tu sais mĂȘme professionnellement ou je sais depuis que je fais Sens CrĂ©atif je communique moins sur lâillustration. MĂȘme si je parle dâillustration et je fais des illustrations pour chaque Ă©pisode, mais hier, sur Facebook, je cherchais des trucs, et quand je remontais en 2018, âjâĂ©tais un ouf!â. Alors il y avait tellement, je partageais tellement de trucs, tu vois, que maintenant je suis beaucoup plus genre podcast, illustration, familleâŠ
C: Plus séparé?
J: Oui voilĂ .
C: Mais il y en a qui appelle ça aussi The Dark Night of the Soul, que tu es en train dâĂ©voquer.
J: Oui, je connais pas trĂšs bien.
C: Câest ce que tu disais en fait. Câest lâego. Lâego câest la personnalitĂ©, câest lâidentitĂ©. Ă ne pas confondre avec Ă©gocentrisme. Tout le monde confond. Câest lâego dĂ©crit par Eckhart Tolle qui a Ă©crit Le Pouvoir du Moment PrĂ©sent, qui est un livre trĂšs connu. Et donc câest une identitĂ© que tu te crĂ©es et donc forcĂ©ment si tu Ă©volues, mais tout le monde nâĂ©volue pas pareil, chacun son rythme, chacun sa personnalitĂ©, chacun son histoireâŠ
J: Chacun son chemin. (rire)
C: Oui voilĂ , le fameux refrain. Si jamais tu changes, notamment, pour ceux qui ont vĂ©cu avec le confinement, câest important de le lire, il y en qui ont vĂ©cu perte dâemploi, rupture, des changements ultra important dans leur vie, en fait on est obligĂ© de dire au revoir Ă notre âmoiâ du passĂ©. Et il y avait quelquâun qui mâavait dit un jour, dans une rupture, ce nâest pas le fait de perdre lâautre qui nous fait du mal, câest ce que nous on Ă©tait avec lâautre qui disparait en faitâŠ
J: Absolument. Totalement. TrĂšs juste.
C: Et donc en fait on vit un deuil. On a pas perdu quelquâun de physiquement de la famille ou un proche. Mais on se perd soit en fait. Et on est obligĂ© de se retrouver un nouveau âmoiâ quâon ne connait pas. Donc on reprend, parce que tu lâutilises beaucoup lâimage de la carte. Câest Ă©clairĂ© seulement Ă certains endroits. Comme dans Zelda oĂč tu avais dĂ©jĂ plusieurs parties de la carte mais tu es sur un nouveau bout de la carte. Et lĂ tu te dis âoh non, pas encoreâŠâ. Et ça veut dire aussi que tu sors de ta zone de confort, donc au final dâun point de vue extĂ©rieur, comme on pourrait le dire en coaching: tâes en vie, tâavance, tu Ă©volues, tu changes⊠Câest gĂ©nial. Est-ce que câest confortable? Est-ce que câest agrĂ©able? NonâŠ
J: Câest comme lorsque tu passes de la cours du primaire au collĂšge. Tâes le king de la cours parce que tu faisais partie des grands. Puis septembre arrive, et puis tâes le petit nouveau. Mais ça va aller. Mais tâes le petit nouveau⊠(rire).
C: Mais câest grĂące Ă ces cycles dâailleurs, je pense. Jâose espĂ©rer que lâHumain apprend Ă lĂącher prise. Parce que si câĂ©tait le contraire on serait toujours dans le contrĂŽle⊠et en fait Ă un moment donnĂ© tâes obligĂ© de lĂącher.
J: Au fur et Ă mesure du temps, tu sais moi la crĂ©ativitĂ© câest vraiment un sujet qui mâintĂ©resse, moi je suis presque plus intĂ©ressĂ© par la crĂ©ativitĂ© et ce que ça gĂ©nĂšre chez nous plutĂŽt que comme mĂ©dium. Pour moi la dĂ©finition de la crĂ©ativitĂ© câest la capacitĂ© de se rĂ© inventer. Et câest pour ça que ça va bien au delĂ des mĂ©tiers crĂ©atifs ça va bien au delĂ de lâart avec un grand A. Câest: âmon fils criseâ, je manque de ressources, je perds patience, et câest choisir de ĂȘtre crĂ©atif et de faire diversion en faisant le clown ou en faisant quelque chose oĂč il y a de la vie, plutĂŽt que de forcer les choses. On revient toujours Ă cette histoire de forcer et tout. Que la crĂ©ativitĂ© en fait.
En fait la crĂ©ativitĂ© câest vulnĂ©rable. Cet lâinstant oĂč on prend une dĂ©cision autre pas instinctive mais intentionnelle, crĂ©ative, nouvelle, ça nâexistait pas, ça pourra fonctionner, ça pourra ne pas fonctionner. Si ça fonctionne pas câest pas grave mĂȘme si tu dis, zut jâai pris un risque. Et tâes dĂ©jĂ soulĂ© et ça marche pas. Pour moi câest ça la crĂ©ativitĂ© câest rĂ©ussir Ă se rĂ©inventer et donc ça veut dire passer par ce cycle qui, voilĂ , jâutilise parfois ces termes de mourir, renaĂźtre, mais câest juste câest vrai câest pas quâune fois câest tous les jours en fait et câest dur et par moment tâas juste pas envie. Câest normal. Mais il faut pas rĂ©sister trop longtemps ce processus. Câest comme si je mâentĂȘtais Ă porter des vĂȘtements de quand jâavais quinze ans. Bah non, tâas changĂ©. Mec porte des vĂȘtements de quand tâavais trente ans. au moins fias que tes t-shirts soient plus larges parce que tu nâas pas le mĂȘme corps que quand tu en avais quinze. Tu vois, câest des trucs comme ça. ArrĂȘtez de toujours se garder comme ça sur ces idĂ©es fixes tu vois. La vie câest fluide. Un changement constant. Le monde entier, la nature, les animaux, tout change. Pourquoi est-ce que nous on devrait non seulement pas changer, et en fait les saisons on a lâimpression nous les ĂȘtres humains quâon doit toujours ĂȘtre en Ă©tĂ© alors quâen fait quand tu es en hiver câest pas grave ça fait partie du truc. Câest pas agrĂ©able je conçois. Câest facile pour personne. Mais câest important de se dire que en fait câest pas pour toujours.
C: Ăa fait partie du trip. Il faut passer par lĂ pour arriver aprĂšs. Et ça fait lâĂ©quilibre. De tout dâailleurs. Je voulais parler par rapport Ă la crĂ©ativitĂ©: comment tu arrives? Ce qui est trĂšs intĂ©ressant, tu parles de ce cadre dont tu as besoin. PlutĂŽt rigoureux, stratĂ©gique, etc. Et quand on parle de crĂ©ativitĂ©, on parle pas de cadre. Comment tu arrives Ă faire en sorte que la crĂ©ativitĂ© se passe, se produise dans ta vie tout en mettant le cadre?
J: On parlait de paradoxe toute Ă lâheure. Je pense que câest les deux. Genre Ă la diffĂ©rence prĂȘt que par exemple mon sujet, notamment sur le podcast câest pas câest les mĂ©tiers crĂ©atifs. Donc il y a lâangle du mĂ©tier. Si tâas envie de faire de la peinture juste pour le kiffe ou dâĂ©crire un journal pour toi, le but câest pas que ce soit partagĂ© câest super y a pas de problĂšme, mais si comme moi il y a ce dĂ©sir dâen faire un mĂ©tier ou de gagner ta vie en faisant quelque chose en alignement avec qui tu es et qui te parle, bah du coup, câest important je crois. (rire)
C: Il faut, câest important đ
J: Oui (rire). Mais bon, chassez le naturel il revient au galop! Bah, pour moi il sâagit de voilĂ , je pense que jâai une bonne mĂ©taphore: dĂ©finir le cadre pour que quand câest âshow timeâ, âimprovisationâ. Prenons, on va pas voir un concert pour que le gars il regarde ses accords. Tu lui fais confiance, tu lâas payĂ© en fait. Tu lâas payĂ©, pour que, des semaines ou des mois ou simplement câest le fruit dâannĂ©es dâexpĂ©riences, il a travaillĂ©, il connait son solfĂšge, il connait son instrument et que quand tu viens tu le payes, en fait, il est gĂ©nĂ©reux de sa personne. Il donne. Il ou elle donne. Et, et câest cette expĂ©rience de crĂ©ativitĂ© pure, dâĂ©nergie, quâelle soit scriptĂ©e parce que on va certainement sauter certains morceaux ou que ce soit du jazz improvisĂ©, ou du slam oĂč on sait pas oĂč on va aller. Quel que soit le contrat social que tu fais avec lâartiste, que tu vas voir, tu tâattends Ă une gĂ©nĂ©rositĂ©. Et pour moi câest ça en fait.
Câest genre tu fais tes entraĂźnements que ce soit dans le perso, les gens qui Ă©coutent le podcast savent que je suis trĂšs sur les projets perso, projet perso câest purement un entrainement pour que le jour oĂč le tĂ©lĂ©phone sonne et quâon te propose la mĂȘme chose mais payĂ©e, tu sais le faire sans rĂ©flĂ©chir. Et donc, il y a ce cĂŽtĂ© du coup, on te paye pour que tu joues, mais tu sais jouer parce quâen fait tu tâes entrainĂ©. Donc en fait il y a le mix des deux. Cette fragilitĂ© de âest-ce que je vais y arriver?â, mais en mĂȘme temps je me suis entraĂźnĂ©, je connais. Du coup il y a rien de nouveau. Il y a rien de nouveau mais en mĂȘme temps câest continuer Ă se laisser surprendre. Que ce soit pour un client, ou pour un projet perso. Beaucoup plus souvent quâun client te demande, je veux la mĂȘme chose mais pour moi. Tu peux ĂȘtre aventureux mais la plupart du temps le travail payĂ©, les clients sont plus âsafeâ, genre on veut ça. DâoĂč lâimportance dâavoir des portfolios cohĂ©rents. Et de sâamuser Ă cĂŽtĂ©. VoilĂ .
C: Ăa va avec cette notion dâĂ©quilibre du par rapport Ă la lĂ©gitimitĂ©, et les gens qui vont sâentrainer pour quelque chose, et qui vont pas se sentir de passer Ă lâaction. Câest en fait un dĂ©sĂ©quilibre. Parce que tu disais pour un musicien, son rĂŽle câest dâavoir travaillĂ© les accords etc pour quâen fait le jour oĂč il est sur scĂšne câest que du bonheur. Lui mĂȘme il adore, câest un automatisme. Il nâest pas en train de se dire je suis en train de faire telle note, câest naturel. Câest ce naturel que tu crĂ©Ă©s de par tes habitudes, de par le cadre que tu as mis en place, de par tout ça. Qui fait quâaprĂšs une fois que tu es sur scĂšne, une fois que tu es devant tout le monde, tout est fluide enfant.
J: Si tâes pas intentionnel avec ton instrument, tu, bah ça va se perdre. Câest comme euh bah il faut sâentrainer, quelquâun qui fait une course, il a besoin de sâentrainer. Et⊠Oui il faut ĂȘtre, (rire) non câest bien dâĂȘtre disciplinĂ©. En fait quand tu te rends compte que quelque chose te tient Ă coeur, ou que quelque chose est bon, tu vois, je sais pas tu as une aisance pour la cuisine. Bah tu te rends compte que tu as vraiment un truc avec la cuisine. Ăa serait dommage de pas te former, de pas apprendre et de pas affiner ton goĂ»t et juste parce que âbah non genre câest de la crĂ©ativitĂ© pur donc il ne faut pas donner un cadreâ. Si en fait, le cadre vient renforcer en fait cette possibilitĂ© de dĂ©velopper quelque chose de beau, quelque chose de crĂ©atif. Et qui au fur et Ă mesure du temps devient naturel et quand ça devient une seconde nature, la crĂ©ativitĂ© tây rĂ©flĂ©chit mĂȘme plus et câest lĂ en fait oĂč il y a une gĂ©nĂ©rositĂ©, quelque chose de fort qui se crĂ©Ă© quand ça devient totalement naturel en fait.Â
C: En fait câest, câest vrai aussi au final que tu peux ĂȘtre en mode, que crĂ©atif, mais il se passe rien. Câest pour ça que câest ça qui est intĂ©ressant dans ce que tu dis. Câest une prise de conscience que jâai lĂ maintenant, câest que un artiste, il y a des artistes dans leur atelier et puis ils sortent pas, ils partagent pas et il se passe rien. Ils se lĂšvent Ă lâheure qui veulent et ça leur convient. Mais au final si tu veux exporter, si tu veux partagerâŠ
J: Oui, il faut donner. Et le nombre de, je discute parfois avec des auditeurs ou des personnes qui me disent âje nâose pas montrerâ, mais tu vois on en revient Ă ce petit garçon que jâĂ©tais, qui montrait son classeur, Ă toutes les personnes qui venaient. Mais en fait, montrez. Parce que câest uniquement en montrant que vous pourrez prendre la tempĂ©rature, que vous verrez ce qui fonctionne, qui fonctionne moi bien, ce quâil y a Ă amĂ©liorer, pour faire en sorte, que votre repas, que votre art quoi que ce soit, devienne meilleur en fait. Et meilleur pour vous et pour les autres en fait. Parce quâen rĂ©alitĂ© je crois profondĂ©ment que si vous gardez les choses pour vous, vous privez votre entourage de votre plus grande contribution.
Je sais câest des termes grandiloquents again mais pour de vrai, genre on a quelque chose Ă apporter aux autres. Et câest pas le trip Ă©gocentrique. Il y a ce truc de vraiment servir, lâautre avec qui tu es de maniĂšre faillible mais du mieux que tu peux sans se mettre la pression. Alors câest un gros Ă©quilibre pas Ă©vident Ă trouver et câest tout le processus, mais il y a ces personnes comme ça qui annĂ©e aprĂšs annĂ©e Ă chaque tâes genre, âWow merci mais ça fait dix ans que tu fais ça et jâai suivi ça a pas toujours Ă©té⊠et tu donnes, ça mâinspire, wowâ. Bah ça câest plus beau que un âone hitâ qui apparaĂźt puis re disparait. Tu te dis genre, âquâest ce qui sâest passĂ© câest une Ă©toile filante et puis câest fini?â. Alors que nous on a envie dâĂȘtre illuminĂ© dans la lumiĂšre constante tu vois. Parce que voilĂ si on fait tous ça, wow câest gĂ©nial!
# La peur
C: Mais quâest-ce que tu fais alors si tu as une peur qui est trop importante? Et trop parce que ça fait mal Ă lâĂ©go, dâavoir des retours, des critiques pour progresser. Tu dis, quoi Ă ces personnes qui ont trop peur en faitâŠ?
J: Fais un cĂąlin Ă ta peur. Oui. Câest aussi simple que ça.
C: Câest lâĂ©pisode #33 non? La peur⊠pour ceux qui veulent avoir justementâŠ
J: Oui, apprivoiser la peur. En fait on se rend compte justement que la peur on lâa conçoit comme une ennemie alors quâen rĂ©alitĂ© elle est de ton cĂŽtĂ©.
C: Elle est lĂ pour quoi alors?
J: Elle est lĂ pour justement mettre de la lumiĂšre, si lâintuition te dit (murmure) âcâest par lĂ , câest par lĂ , va sâyâ. Lâintuition elle te parle comme ça (murmure). Il faut vraiment tendre lâoreille. Vraiment, vraiment. Et alors que la peur elle est criarde. Elle fait peur la peur. Mais en gros elle te dit mais si tu veux aller par lĂ , si tu veux suivre ma soeur lâintuition, parce quâelles sont soeurs, enfin câest ma comprĂ©hension des choses, jâai lu ça nul part dâailleurs, je lâai inventĂ©, mais câest ma comprĂ©hension des choses, que, quâelles soient vraiment soeur mais la peur elle te dit en gros âsi tu veux aller par lĂ et je tâencourage Ă aller par lĂ , il y a ça et ça qui va pas.â et en fait la peur elle passe son temps avec un miroir, genre âregarde !â regarde tâes chiant hein. Regarde regarde ça câest pas beau hein?
Alors quâen rĂ©alitĂ© câest pas tant pas beau câest juste genre regarde tâes Ă poil ! et tâes pas mieux tâes pas moins bien que quelquâun dâautre câest juste toi et il y a des blessures, il y a des nĂ©vroses, il y a des histoires compliquĂ©es et peut ĂȘtre que tu nâauras pas assez dâune vie pour dĂ©nouer tout ça mais si tu aimerais aller lĂ oĂč lâintuition te susurre Ă lâoreille dâaller il y a besoin dâaller dans la caverne. Dans lâempire contre attaque, dont je parle trĂšs clairement sur le podcast, oĂč tu dois aller tâaffronter toi et arrĂȘter de fuir et de noyer le poisson et de se distraire et tout câest ĂȘtre vraiment honnĂȘte avec soi meme et dire ok je vais t Ă©couter tu me fais peur mais tu Ă©manes de moi et donc câest apprendre Ă sâaimer, Ă sâaccepter, Ă sâapprĂ©cier.
Donc, viens lĂ (je mime lĂ ), viens dans mes bras et parle moi et je vais tâĂ©couter en fait. Et en fait la peur il faut la rassurer et quelque part câest genre rassurer câest âtu vas y aller suivre lâintuition hein?â Tu me le promets? mais pour ça jâai besoin que tu changes sinon on va y passer toi et moi, en fait parce que on va crĂ©er des dysfonctionnement si on change pas les choses on va crĂ©er des dysfonctionnements parce que comme pour prendre lâexemple des vĂȘtements trop courts au bout dâun certain temps ton t-shirt va craquer parce que tu portes toujours des vĂȘtements de quand tu avais quinze ans. Donc euh, tâenlĂšve le t-shirt, tâenlĂšve les vĂȘtements, tâes tout nu, ok.
Bah jâai eu peur lĂ parce que je suis tout nu. Je mets quel vĂȘtement maintenant? et du coup câest genre ok. Et donc du coup, tu cherches des vĂȘtements. et on connait tous cette expĂ©rience oĂč tu as faire du shopping et en fait, ça mmm et il y a quelquâun qui sây connait soit disant plus que toi, ou qui sây connait simplement mieux que toi et qui te donne des conseils et qui tâembĂȘte. En fait il ou elle a raison quand mĂȘme ou peut-ĂȘtre cette personne me convenait⊠et quelquâun dâautre te dit aussi. Et puis au fur et Ă mesure tu prends tes marques avec tes nouveaux vĂȘtements. Au dĂ©but tu as peur et puis comme un enfant qui apprend Ă marcher au dĂ©but il se casse la gueule des dizaines de fois, mon petit garçon câĂ©tait pareil il sâĂ©nervait parce quâil nây arrivait pas et puis au bout dâun certain temps on parlait de choses qui deviennent naturelles et bah voilĂ , ça devient naturel. Le seul truc câest que tu continues de vieillir. donc du coup, au bout dâun certain temps ces vĂȘtements aussi vont⊠Câest un cycle continue.Â
C: Oui en fait tu recommences. Câest jamais terminĂ©. Câest comme on disait toute Ă lâheure, je ne tâai pas posĂ© la question du succĂšs mais, tu disais toi mĂȘme quâon tâavait dit bah câest gĂ©nial lâillustration, le podcast, ça a un certain succĂšs. Et malgrĂ© tout en fait ça se termine jamais, je veux dire, la part dâombre est toujours lĂ , la voix est toujours lĂ , la peur est toujours lĂ , le syndrome rĂ© apparaĂźt mĂȘme aprĂšs des annĂ©es dâexpĂ©rienceâŠ
J: On apprend juste Ă mieux danser, avec le syndrome, avec la peur, avec sa part dâombre. Ă pas lâa juger. Câest pour ça que je parle de faire un cĂąlin. Câest comme la colĂšre. La colĂšre câest toujours compris comme quelque chose de nĂ©gatif alors quâen rĂ©alitĂ© la colĂšre elle est lĂ pour te donner des indications aussi. Moi je suis tombĂ© dans ce travers depuis trĂšs longtemps.
De la juger, ou de juger, quand je me trompe, de me juger moi. Alors quâen fait câest genre mais âtu es un ĂȘtre humainâ, âtu as la droit de te tromperâ⊠Et le dark side autant que la partie lumineuse, font parties de toi. Et on vit dans une sociĂ©tĂ© qui focalise toujours sur ce truc de performance, de lumineux, alors quâen rĂ©alitĂ© la plupart des personnes qui nous inspirent câest parce quâelle ont passĂ© par la processus encore et encore.Â
C: Oui câest grĂące à ça quâelles Ă©manent beaucoup dâĂ©nergies qui te⊠wow!
J: Câest pour ça que je veux dĂ©sacraliser justement ce mythe. Ce mythe du âtoo shinyâ. Câest que, en fait, par exemple pour les mĂ©tiers crĂ©atifs, câest passionnant. Tu verras. « Tu » gĂ©nĂ©ral. Câest passionnant. Beau. Gratifiant. Câest tout ce que tu veux. Mais il y a un prix, il y a un coĂ»t. Est-ce que tu es prĂȘt? Et jâespĂšre de tout mon coeur, que âoui tu lâes!â. Je comprends que du coup, on soit parfois perdu ou genre un peu dĂ©semparĂ©.
Et, câest pour ça que Sens CrĂ©atif jâai crĂ©Ă© parce que moi on mâa beaucoup donnĂ© et je veux rendre ce quâon mâa donnĂ© pour renforcer cette communautĂ©, pour leur donner les outils qui moi mâont servi puis aprĂšs au fur et Ă mesure du processus je continue Ă mâenrichir dâautres personnes et du coup je peux continuer Ă donner et du coup câest un cercle vertueux, continue.
C’est pour ça que ce soit ĂȘtre vulnĂ©rable, ou partager, ou tout ça câest genre les histoires humaines sont pas Ă©videntes. mais elles sont belles. Il y a des moyens dây arriver. Partageons les et Ă©coutons nous quand câest Ă©couter les autres ou sâĂ©couter quand câest pas facile. Et câest dans les deux sens. CâĂ©tait mon tord. Câest facile dâĂ©couter quelquâun dâautre et de se dire ah oui câest pas facile. Vraiment dâen pĂątir. AprĂšs aussi dâen pĂątir avec soit. Donc voilĂ câest un mouvement constant.
# Croyances aidantes
C: Mais justement quâest-ce qui tâa, parce que tu es beaucoup dans cette Ă©nergie de partage, tu parles beaucoup dâĂ©changes, ça fait partie limite de ton Pourquoi, tu fais tout ce que tu fais que ce soit le podcast ou en tant quâillustrateur. Quâest-ce qui tâa concrĂštement aidĂ© Ă faire tout ça? Parce que jâimagine que ce soit ton couple, que ce soit tes proches, est-ce que tu as crĂ©Ă© un systĂšme autour de toi?
Notamment parce que tu as eu deux Ă©pisodes celui en Angleterre avant de rentrer en France tu parles dâune petite dĂ©pression oĂč en fait ce que tu faisais dans ton travail, câest la seule fois une tu as Ă©tĂ© employĂ© aprĂšs tu ne lâas jamais Ă©tĂ©, et puis il y a un deuxiĂšme Ă©pisode, en France, oĂč tu avais, câĂ©tait une pĂ©riode, câest saisonnier, donc il y avait rien et tu disais limite jâallais travailler au Franprix dâĂ cĂŽtĂ©âŠÂ Comment je peux mâaider moi-mĂȘme? Quâest-ce qui aide dans ces moments lĂ ? Quâest-ce que toi tâa aidĂ©?
J: Câest une vision du monde. Moi je crois profondĂ©ment que le monde est bon. DĂ©jĂ je suis bien entourĂ©.
C: Tu as toujours été bien entouré?
J: Oui et non dans le sens oĂč on est tous entourĂ© de personnes relativement probablement bienveillantes mais on fait tous, on traumatise tout le monde tout le temps. Alors quâen fait on a des bonnes intentions. Donc oui jâai toujours Ă©tĂ© plutĂŽt bien entourĂ©, encouragĂ©, on mâa pas trop appris Ă mâĂ©couter. Mais jâai une comprĂ©hension de la vie. Câest compliquĂ© Ă en parler parce que câest trĂšs intime et je vois oĂč tu veux en venir, (rire) je fais des interviews aussiâŠPuis aprĂšs je pose aussi ce type de question sur mon podcast donc du coup. Je veux faire attention Ă pas utiliser le jargon en fait.
C: DâaccordâŠ
J: Et⊠je crois que tout est⊠On parlait de mort et de rĂ©surrection, je vis dans cette histoires lĂ . Dans cette vision du monde lĂ . Une vision oĂč la mort et la vie font partie du cycle naturel voulu par la crĂ©ation. Quelque soit ce quâon met derriĂšre, lâUnivers, Dieu, toutes ces choses. Il sâavĂšre que moi jâai eu une Ă©ducation trĂšs religieuse. Donc ce language fait partie du miens. Language qui comme toute chose dont on vient de discuter a changĂ©, Ă©voluĂ©.
Certains languages que je nâutilisent plus, certains, dâautres languages que jâai adoptĂ©, qui ne font pas partie de mon language de base. Mais, je vis dans une Histoire oĂč et peut-ĂȘtre que je me goure hein, câest dans mon ADN, câest comme ça que ça a tellement fait partie de mon histoire. OĂč quelque part jâai Ă©tĂ©, chacun de nous a Ă©tĂ© crĂ©Ă© avec intention. Avec tous les dysfonctionnements que ça peut amener, si tu nâas pas Ă©tĂ© voulu. Câest trĂšs trĂšs complexe. Il faudrait un deuxiĂšme podcast lĂ . Pourquoi je nâen parle pas souvent, comme tu disais toute Ă lâheure câest parce que un, câest trĂšs personnel.
Volontairement sur le podcast jâutilise un langage non jargon pour que, mon but câest de construire des ponts en fait. Mon but câest pas dâimposer mon point de vue tu vois. Mais au niveau de ma sauce personnelle, je vis dans un monde oĂč tout est, je vais utiliser un jargon, câest une histoire ârĂ©demptiveâ (rachat). tout est ârĂ©demptableâ (je ne sais pas si ça se dit), ça veut dire que mĂȘme les bourdes, les difficultĂ©s, les nĂ©cessitĂ©s de mourrir Ă soi, toutes ces choses, en fait permettent de renaitre et que toute chose.
Je crois profondĂ©ment que le monde dans lequel on a Ă©tĂ© crĂ©Ă© est bon. Il y a plein de dysfonctionnements, Ă©videmment. Moi je crois que le dysfonctionnement câest quant on sâĂ©coute pas, quant on Ă©coute pas lâintuition. Câest lĂ oĂč on fait plein de merdes en fait. LĂ oĂč prenons, la religion par exemple, va utiliser le terme pĂȘcher ou quelque chose comme ça. Câest pas tant ce truc, ce gros truc genre super lourd sur toi tu sais.
Du moins, câest ma comprĂ©hension des choses aujourdâhui. Que câest pour ça que je veux vraiment encourager les gens dâĂȘtre vraiment en lien avec eux parce que câest lĂ oĂč il y a quelque chose de bon qui se crĂ©Ă© oĂč tu es un avec lâunivers. Et donc du coup, quand tu es un avec lâunivers, et ce cĂŽtĂ© lĂącher et ou tu as ta part de responsabilitĂ©, et aprĂšs il y a lâunivers qui fait son travail. Le temps. Tout ce qui nous entoure.
La force dans Star Wars tu vois. Et, donc lĂ aussi câest un partage en fait. Tout ne repose pas sur tes Ă©paules. Seulement, nous en tant quâĂȘtre humain on a tout envie de gĂ©rer alors quâen fait câest pas possible. Pour moi câest aussi ça. Tu me demandais quâest-ce qui tâa construit, un peu mon mindset, câest que quelque part câest une collaboration entre moi le temps, et lâunivers et ce qui est marrant aussi câest que quand tu fais ça en fait ça fonctionne mais ça ne te protĂšgera pas de toutes les difficultĂ©s au contraire ça les mettra en exergue parce que tu es honnĂȘte avec toi mĂȘme. Parce que tu es honnĂȘte avec les gens autour de toi. Tu es honnĂȘte.
Tu peux passer ta vie entiĂšre Ă fonctionner Ă lâaveugle. Et moi je veux pas ça. Câest pas un prix que je suis prĂȘt Ă payer en fait. Moi je prĂ©fĂšre par moment de maniĂšre cyclique de me prendre les pieds dans le tapis, et Ă chaque fois. âJe suis encore tombĂ© lĂ !â âComment jâai pas compris?!â. Mais tu te reprends les pieds dans le tapis et Ă©couter. Et te rendre compte quâen fait il nây a pas de fatalitĂ©. Moi je suis pas quelquâun de cynique je crois que ça se ressent. Je sais quâil y a une certaine naĂŻvetĂ© mais qui pour moi sâapparente Ă une certaine innocence et qui est quelque chose de prĂ©cieux et de beau tout comme la gentillesse. La vulnĂ©rabilitĂ©. En fait si tu veux, si on devait un petit peu rĂ©sumer notre conversation. Câest toutes ces choses fragiles. Toutes ces choses non tangibles qui en rĂ©alitĂ©, câest le meilleur carburant du monde. Et, câest pour ça, dâapprendre Ă ouvrir tes mains et Ă pas garder les choses comme ça, serrer le petit poussin lĂ . Genre tu ouvres tes mains, et tout devient plus simple, et plus flippant, et plus simple, et plus beau, et flippant⊠(rire).
C: Donc en fait câest cette notion du âquâon est pas seulâ, il y a quelque quâon ne peut pas expliquer. Tu dis ça avec des mots que je trouve trĂšs juste. Tu as vraiment pris le temps de prendre des mots comme il fallait et ne pas te prĂ©cipiter sur la question en mode âalors voilĂ â! (rire). Je vais tâexpliquer comment ça marche. Et toute Ă lâheure tu disais que trĂšs longtemps tu as eu du mal Ă exprimer, Ă partager, et je partageais ça beaucoup donc ça aussi ça mâa fait Ă©cho quand je tâĂ©coutais sur ton podcast.
Et pourtant on est dans un monde qui a aucune gĂȘne Ă te dire quoi penser, ce quâil faut faire, ce qui va pas, ce qui machin, aucun gĂȘne mĂȘme sur les rĂ©seaux on se lĂąche comme jamais on sâest lĂąchĂ©. Tout le monde a un avis sur tout. Je pense que aprĂšs on doit partager ça. On est plus dans le faire. Je pense quâon veut reflĂ©ter ce quâon est Ă travers nos actions. PlutĂŽt que se prĂ©cipiter en disant voilĂ la solution. Et pourtant en faisant les podcasts on a la mĂȘme attention de partager des choses, qui est trĂšs intĂ©ressant câest un peu lâalchimiste parce que quand tu rencontres quelquâun que tu as fait ton travail de prĂ©paration que lâĂ©change se fait, tu as fait ta part du travail, tu lĂąches, la magie se passe, et jâai envie de direâŠ
J: Tu captures
C: Oui, grĂące au son. La magie du son. La libertĂ© de sponsor, radio ou pas. Ăa existe. Câest gĂ©nĂ©ralissime. Et malgrĂ© tout si tu prends la parole bah câest pas pourtant autant que tu prends des aises. VoilĂ je prend un podcast donc je vais raconter ma vĂ©ritĂ©.
J: Non, câest une responsabilitĂ©.
C: Câest ça. Câest ça.
J: Câest trĂšs fragile de prendre la parole.
C: En fait câest une chance. Est-ce que câest parce que ne pas oser parler pendant longtemps et de se dire âjâai la chance de pouvoir le faire aujourdâhui donc je vais lâutiliser Ă bond escientâŠâ
J: Câest surtout que tu assumes. Parce que moi le fait de plus assumer la parole, le fait dâĂȘtre bavard je lâai vĂ©cu comme une honte. âQuâest ce que tâes bavard ! Comment tu fais pour enfiler toutes ces phrases ! â Tu vois et jâen ai parlĂ© sur le podcast aussi je me suis rendu en apprenant Ă mon connaitre que jâĂ©tais condition de haut potentiel au niveau verbal donc du coup ça mâa rĂ©conciliĂ© avec moi
C: Ah, Câest normal
J: Câest normal en fait mon cerveau fonctionne diffĂ©remment donc du coup ça mâa permis de mâassurer. Donc en fait il y a un premier pa qui est de se rendre compte, ensuite de faire la paix avec soi, ensuite de sâassumer, et ensuite de se rendre compte comme dirait le grand pĂšre de Spider Man âun grand pouvoir implique une grande responsabilitĂ©â et donc du coup câest simplement une fois que tu te rends compte de ton don, câest pas tout de vouloir le servir et de lâapporter aux autres. Câest comment le faire. Et câest lĂ oĂč on en revient Ă la discipline. Au travail. Au travail lĂ©ger mais travail quand mĂȘme. Câest comment parfaire ça? Et⊠Jâai perdu mon fil !
J: Je me suis rendu que jâavais ce truc de la parole. Le podcast câest un super medium. Vu que je suis aussi dans ce truc de vulnĂ©rabilitĂ© câest aussi un medium qui permet le test, lâerreur. Si je me pointe Ă France Inter ils vont me dire âbah non, tu dois ĂȘtre genre⊠type top of the top tu voisâ que quelque part moi jâembarque mon audience, quelque part mon but câest de fĂ©dĂ©rer une communautĂ© et de tisser des liens ensemble. Et de lâautre, en fait câest une quĂȘte personnelle, câest une enquĂȘte et les gens je les invite juste en public Ă dĂ©couvrir mes dĂ©couvertes.
C: Tu as utilisĂ© le mot enquĂȘte. Et je pense que câest ça qui fait la diffĂ©rence avec, toute Ă lâheure jâutilisais le mot vĂ©ritĂ© parce quâon trouve beaucoup⊠Toujours enquĂȘte. Câest-Ă -dire il nây a pas de certitude. On est toujours en questionnement. Et peut ĂȘtre quâil y a un truc derriĂšre cachĂ© (murmure) et ça sâarrĂȘtera pas⊠le questionnement ne sâarrĂȘtera pasâŠ.
# La QuĂȘte et Le Partage
J: Câest pour ça que jâaime beaucoup le travail de BrenĂ© Brown parce que câest une, elle est chercheuse en sociologie et moi en fait je me suis rendu compte que câest ça en fait mon kiffe, câest de chercher. Je suis pas un keeper je suis un seeker, je cherche ! Et en fait, je sais que cette recherche ne se finira jamais câest un puit sans fond.
Mais câest trĂšs bien. Jâaime ĂȘtre comme ça: voilĂ câest comme ça boom ! En fait, non ! Je me suis bien rendu compte au fur et Ă mesure de ma vie que les choses Ă©taient beaucoup plus fluides. Et du coup câest de partager cette fluiditĂ© et de chercher et de partager ensemble. En gros câest genre et les copains et les copines, on cherche ensemble ça vous dit? Si je dois ĂȘtre celui qui va devant mais le but câest que tout le monde Ă un moment donnĂ© aille devant. Chacun devient chercheur Ă sa façon. Chacun trouve un pouvoir.
C: Câest une invitation en fait?
J: Câest une invitation. Et pour moi lâincarnation, tu me parlais de ces valeurs qui mâhabitent: rĂ©surrection et incarnation sont deux termes qui sont trĂšs importants pour moi. Incarner ce en quoi tu crois ça ne veut pas dire aller lâimposer aux autres. Ăa veut simplement dire tu incarnes toi, et un voyage intĂ©rieur. Gandhi disait soit le changement que tu veux voir dans le monde. De nouveau une de ces phrases un peu cucul mais câest vrai ! câest ce que je veux vivre. Je veux incarner ce qui est important pour moi. Et, le dĂ©velopper et je me rends compte en fait que câest presque en lĂąchant. Je veux le dĂ©velopper et en mĂȘme temps laisser ça se fera en fait
C: Ăa câest lâĂ©nergie du moment đ on lĂącheâŠ
J: Exactement
# Illustration du Syndrome
C: Il nous reste quinze minutes avant dâarriver Ă lâheure dite de deadline, et je voulais poser une derniĂšre question: qui mâest venu toute Ă lâheure. Que tu vas devoir faire avec les mots, pas avec le crayon ! Si tu pouvais illustrer le syndrome de lâimposteur, il ressemblerait Ă quoi?
J: Wow. Alors tu vois je suis familier sans ĂȘtre familier du syndrome de lâimposteur. Parce que câest pas un truc sur lequel je mâarrĂȘte beaucoup. MĂȘme si je lâai plus ressenti ces derniers temps. Ă quoi ressemblerait le syndrome de lâimposteur?
C: Tu veux que je te le dĂ©crives un peu plus? Donc le syndrome quâon appelle aussi le syndrome de lâautodidacte. DĂ©couvert par Pauline Rose Clance et Suzanne Imes, des amĂ©ricaines dans les annĂ©es soixante dix. Elles lâont appelĂ© « phĂ©nomĂšne ». Puis, les mĂ©dias ont dĂ©cidĂ© de garder le terme de âsyndromeâ. Soixante pour cent des gens lâaurait vĂ©cu au moins une fois dans leur vie. Câest le fameux doute maladif quâon a quant notamment face au succĂšs, face Ă quelque chose qui nous dĂ©passe, on rejette tout mĂ©rite, on nie la propriĂ©tĂ© de cet accomplissement quâon a rĂ©alisĂ© soi-mĂȘme.
Il se base sur trois piliers: le premier câest lâimpression ou la peur de tromper son entourage. La deuxiĂšme câest la mauvaise attribution. Câest de la chance. Et enfin la peur dâĂȘtre dĂ©masquĂ©, que tout le monde voit en fait. La fin du rĂȘve et la rĂ©alisation de tous ces piliers. AprĂšs ce qu’amĂšne beaucoup le syndrome, ce sont deux choses: Soit tu procrastines parce que « je vais rien faire comme ça il va rien se passer » donc pas de risque. Soit tu travailles Ă deux cent pour cent, parce que câest tellement ouf quâil faut que tu fasses encore plus dâeffort pour que tu sois lĂ©gitime.Â
J: Oui câest moi ça.
C: Donc voilĂ , il ressemblerait Ă quoi? Parce quâau final câest la peur de pas ĂȘtre acceptĂ©.
J: On en revient Ă ce sentiment de vouloir vivre Ă sa juste mesure. Câest Ă dire pas plus gros pas plus petit juste toi honnĂȘtement, tout nu probablement. Donc il ressemblerait surement Ă une projection de moi tout nu, au milieu dâune foule, parce que tu es vu pour qui tu es, pas avec des vĂȘtement qui envoi un message de⊠âtâas vu je suis illustrateurâ !
C: Dâappartenance en fait? Lâimage de lâappartenanceâŠ
J: En fait tâes juste toi. Et dans toute ton humanitĂ©. Donc oui ça serait probablement le dessin dâune personne toute nue au milieu dâune foule toute habillĂ©e alors quâen rĂ©alitĂ© derriĂšre les vĂȘtements tout le monde partage la mĂȘme, le mĂȘme inconfort, le mĂȘme malaise. Câest mĂȘme pas un malaise câest un vertige en fait. Parce que âmalaiseâ, ça a dĂ©jĂ une connotation un peu⊠Alors quâen rĂ©alitĂ© câest juste vertigineux dâĂȘtre lĂ et aussi la personne toute nue, elle a les mains ouvertes, elle a pas les points serrĂ©s elle a les mains ouvertes. Elle se donne aux autres. Et ça fait peur de recevoir pleinement quelquâun. Ăa fait peur. Oui voilĂ .
C: Ăa ferait penser Ă cette notion de vulnĂ©rabilitĂ© encore. Parce que ĂȘtre nu on est pas plus vulnĂ©rable que lorsquâon est nu en fait. Pour lâhomme en tout cas. Câest pour ça quâon se met des vĂȘtements quâon se protĂšge. Merci beaucoup Jeremie !
J: Fantastique, âand cutâ (coupĂ©) !
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Un commentaire sur “Syndrome Imposteur avec Jeremie Claeys”