
Se donner la permission d’être créatif.
Une question pour toi: est-ce que tu te donnes la permission de faire l’artiste quitte à paraître ridicule?
Ethan Hawke est un acteur, écrivain, musicien américain connu pour ses rôles dans: Before Sunrise (1995), Before Sunset (2004), Before Midnight (2013) ainsi que Boyhood (2014). À l’occasion d’un Ted Talk donné en juin dernier (2020) il nous parle de créativité.
C’est mon job en tant que poète.
Nous doutons tous de notre créativité. À sa rencontre avec Allen Ginsberg, il découvre quelque chose d’énorme (une histoire), qui va changer sa vie:
Après une apparition sur la télévision new-yorkaise, Allen Ginsberg rentre chez lui et tout le monde lui dit: « Tu te rends compte que tout le monde te prend pour un imbécile, et que le pays entier se moque de toi? ». Il leur répond: « C’est mon job. Je suis poète et je vais continuer à faire l’imbécile. La plupart des gens doivent aller travailler toute la journée, ils rentrent chez eux, ils se disputent avec leur partenaire, ils mangent puis allument la vieille télé. Quelqu’un essaye de leur vendre quelque chose, et là je viens tout faire foirer! Je suis venu chanter Krishna, et maintenant ils sont dans leur lit en train de se dire « qui est ce poète stupide? » Et, ils ne peuvent pas s’endormir, en plus! ». C’est mon job en tant que poète.
La créativité nous en avons tous besoin.
Ethan trouve cet aperçu très libérateur. Il va plus loin dans le raisonnement en y ajoutant:
« La majorité d’entre nous souhaite offrir au monde quelque chose de qualité, quelque chose que le monde considèrera comme bon ou important. Alors qu’en fait, c’est l’ennemi, parce que ce n’est pas à nous de décider si ce que l’on fait est bon. Et si l’histoire nous a appris quelque chose, c’est que le monde est un critique particulièrement peu fiable. »
« Donc, tu dois te poser la question: Est-ce que la créativité humaine compte? Et bien. La majorité des gens ne passent pas son temps à penser au sujet de la poésie. Ils ont une vie à vivre, et ils ne se sentent pas concerné par les poèmes d’Allen Ginsberg…, jusqu’au jour où leur père décède, ils vont aux funérailles, tu perds un enfant, quelqu’un brise ton coeur, ils ne t’aiment plus, et soudainement tu es désespéré à l’idée de trouver un sens à ta vie. Puis, « Est-ce que quelqu’un s’est senti aussi mal dans la vie? Comment s’en sont-ils sortis? »
« Ou l’inverse – quelque chose de super. Tu rencontres quelqu’un et ton coeur explose. Tu aimes cette personne tellement, tu ne peux même pas voir clairement. Tu sais que tu es étourdi. « Est-ce que quelqu’un a ressenti ça avant moi? Qu’est-ce qu’il m’arrive? » Et ainsi, l’art n’est plus un luxe, c’est en réalité une subsistance. Nous en avons tous besoin ».
En parlant de ses débuts en tant qu’artiste (acteur et comédien), il relate l’importance des belles choses qui nous rendent ébahis. Pour lui, nous sommes ici sur terre pour tenter nous aider les uns, les autres. En premier lieu, il nous est demandé de survivre, puis de prospérer. Pour prospérer, pour nous exprimer, nous devons nous connaitre davantage. Dès son premier rôle à l’âge de 12 ans, il raconte son amour pour le théâtre, son monde s’est alors élargi et cette profession (encore aujourd’hui à presque 50 ans) lui rend de plus en plus chaque jour. À travers les personnages qu’il a pu jouer.
Qu’est-ce que nous aimons? Si nous nous rapprochons de ce que nous aimons, la personne que vous êtes vous sera révélée, et ça s’étendra.
Nous sommes tous connectés.
À travers la diversité de ces personnages (criminel, prêtre ou voyou) il se rend compte qu’il a beaucoup en commun avec ces personnes.
« Alors, tu commences à voir à quel point nous sommes tous connectés ».
Il relate l’histoire de son arrière-grand-mère. Sur son lit de mort, elle a demandé à écrire une petite biographie, qui fait 36 pages. Elle a passé cinq pages sur la fois où elle a fabriqué des costumes pour une pièce. Son premier mari n’a eu qu’un paragraphe. La production de coton, pour laquelle elle a travaillé 50 années, a obtenu une simple mention. Pour lui, elle s’exprimait à travers ses costumes, et c’est un pouvoir, un vrai pouvoir.
Nous le savons tous. Le temps d’une vie est court. Comment le dépensons-nous? Est-ce que nous passons ce temps à faire ce qui est vraiment important pour nous? La majorité répondra que non. En réalité, c’est difficile. Notre attrait aux habitudes a son importance. C’est ce qui rend les enfants tellement beaux créativement parlant. Ils n’ont aucune habitude, et ils ne prêtent pas attention à savoir s’ils sont bons ou non. Ils ne construisent pas un château de sable en se disant:
« Je pense que je vais devenir un très bon bâtisseur de château de sable ». Ils ne font que se jeter dans le projet face à eux – danser, peindre, construire: peu importe l’opportunité qu’ils ont, ils l’utilisent pour exprimer à travers elle, toute leur individualité. C’est tellement beau… »
Pour t’exprimer, tu dois te connaitre.
Il termine en parlant de ses inquiétudes au sujet de la créativité aujourd’hui. Ce qu’on raconte d’elle, comme quelque chose d’annexe, d’abstrait ou un luxe.
Quelque chose m’inquiète de temps à autre lorsque l’on parle de créativité, on a l’impression que c’est juste sympathique (nice), que c’est chaleureux, ou que c’est plaisant. Ça ne l’est pas. C’est vital. C’est de cette façon que nous nous guérissons les uns, les autres. En chantant nos musiques, en racontant nos histoires, en vous invitant à dire « Hey écoute moi, et je t’écouterai ». Nous entamons un dialogue. Lorsque tu fais ça, la guérison a lieu, on sort de notre coin et on commence à remarquer, être témoin, témoigner de notre humanité commune. On commence à l’affirmer. Et lorsqu’on le fait, de bonnes choses prennent place.
Donc si tu veux aider ta communauté, ta famille, tes amis, il te faut t’exprimer. Pour t’exprimer, tu dois te connaitre. C’est en vérité très facile. Tu dois juste suivre ce que tu aimes. Il n’y a pas de chemin. Il n’y a pas de chemin tant que tu ne l’as pas arpenté. Et tu dois être prêt à faire le fou. Ne lis pas les livres que tu devrais lire, lis les livres que tu veux lire. N’écoute pas la musique que tu as pour habitude d’aimer ou d’écouverte. Prend du temps pour écouter de la nouvelle musique. Prends du temps pour parler à quelqu’un à qui tu ne parles pas normalement. Je te garantis, si tu fais ça, tu vas te sentir ridicule. C’est le but. Fais l’idiot.
Source: a TED Talk by Ethan Hawke