
Une croyance à dépasser
La croyance est la suivante: si je ne suis pas connectée, je ne suis pas productive. Aujourd’hui je pense que ce besoin d’être toujours connecté est lié à notre besoin instantanné de productivité. Une productivité qui va toujours plus loin.
Pourtant, la connecxion est aussi source de distraction pour les tâches qui requièrent une attention primordiale. Je ne vois pas comment le contraire ne pourrait pas être plus vrai, pour autant ?
Dans le passé, ça a toujours fonctionné ainsi. Les créateurs l’ont très bien vécu et ça n’a en rien empêché de voir l’apparition de chef d’oeuvres. Lorsque je regarde les Nénuphars de Monet, à l’Orangerie, je me dis que dans un monde rempli de distractions une telle maîtrise du pinceau, une telle perception peut paraître difficile d’accès. Si j’ai besoin de m’immerger dans mon environnement, pendant un certain (sans distraction) pour réussir à y toucher la subtilité alors je me dois d’y être dédiée à cent pour cent. Je n’ai pas le droit à l’écart. Ce n’est pas pour rien que les grands écrivains disent être complètement coupés du monde pour pouvoir se mettre au travail.
Trop longtemps, j’ai associé la notion de création, de productivité, à celle de connexion au monde, aux ressources extérieures (la toile Internet). Les deux ne peuvent pas êtres interdépendants. Autrement, il n’y aurait pas eu de grandes oeuvres crées avant l’arrivée d’Internet…
À cela, j’ajoute et je précise que je ne retire pas la notion de “connexion” au sein même du processus de création. Il y a bien une connexion qui a lieu. Elle est nécessaire mais ce n’est pas celle à laquelle l’on pense naturellement. Je parle des connexions qui se passent intérieurement, celles qui sont neuronales (scientifiquement parlant) mais cela reste une image que l’on se donne. Visuellement on ne peut voir ce phénoèmene avoir lieu dans la matière. On ne voit pas notre cerveau en surchauffe lorsque nous produisons quelque chose. Tout ce que nous avons pour preuve de ces connexions intérieures, c’est le travail lui-même, produit dans la matière. Malheureusement, le travail fournit n’est qu’un résultat mais il n’est en rien représentatif de ce qu’il se passe fondamentalement en nous pendant ce processus.
D’où l’importance et le phénomène historique révolutionnaire que fut Internet à sa création. Jamais on a pu voir les connexions avoir lieu dans la matière. Pour notre cerveau, Internet est un vrai miracle. Comme si on avait exporté l’un de nos dons : en tant qu’être humain, celui de pouvoir créer des connexions infinies entre plusieurs choses et en créer, former, faire quelque chose de nouveau.